Critique du livre d’Edouard Ganche « Le livre de la Mort » By Poulpy

Salutation, petits amis barbus! Aujourd’hui on va changer la donne et faire une critique… Littéraire! Quoi? Vous vous attendiez à quelque chose de plus épique? Ça risque fort de le devenir! Tout de suite, grâce à notre nouveau partenaire, La Clef d’Argent…

 

Le Livre de la Mort d’Édouard Ganche

Première approche : une petite introduction poétique, qui ouvre sur une nouvelle qui l’est beaucoup moins… Ce livre n’est pas trop pour les sensibles. Ce n’est pas une raison pour se dire qu’il faut que vous le lisiez, si vous pensez être adepte d’un thème qui vous viendrait à l’esprit (les bonnes raisons arrivent après). Ou que ce n’est pas pour vous, pour les mêmes à priori. Ce qu’on veut dire c’est que, ne sachant pas qui lit ces lignes, il ne faut pas penser avec des préjugés ou nous engueuler, car nous sommes avant tout un site tout public… Je vous mets tout de même un avertissement -16 ans, respectez-le et profitez. Ne nous en veuillez pas si votre fils ou ours en peluche l’a lu, nous ne serons pas en tord. Les autres, ne le prenez pas mal, mais si c’est glauque, ne vous faites pas des choses devant (si si, il y a des gens bizarres dans le monde), c’est trop pointu et trop intellectuel pour ce genre de réactions. J’aimerais que vous gardiez un bon souvenir de cet article, s’il n’est pas fait pour vous, vous êtes prévenus, ne souillez pas cette respectable taverne avec du spam idiot, qui ne mène à rien, et qui est bien trop souvent haineux et ignare. Enfin, maintenant que le tri du public est fini, reprenons dans la joie!

Avant de commencer une critique plus consacrée à cet ouvrage, j’aimerais en profiter pour parler de la Mort, en général, dans cette petite province, de l’époque victorienne au début du XXe siècle. Je vous fournirais une approche historique, religieuse, scientifique et surtout littéraire, du mieux que je le puis, pour vous lier à l’ambiance si particulière rattachée à ce livre. Gothique, peut être, dans le sens moderne, mais surtout j’aimerais développer avec vous un domaine qui me tient à cœur, personnellement, et qui interroge, qui nous sensibilise à notre échelle. Peut être par le fait que ce sujet et souvent tabou… Ou par vénération, ou perversité… C’est surtout par envie, j’aimerais que ça vous plaise. Remercions Philippe Gindre pour ce cadeau, sans qui cette critique, et de ce fait, cet exposé, n’aurait pas pu se faire.

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La plupart du temps quand on veut parler de la mort, on la décrit de par les derniers instants d’une personne, ou en symbolisant cette croyance qui est l’âme… c’est un peu rébarbatif, en fiction, ou religieux. On se voile de ce qu’est réellement la mort, concrètement, en se l’imaginant d’un point de vue extérieur ou en la chassant de notre quotidien. Franchement, qui ne s’est jamais demandé comment il sera à sa mort? Pas en terme d’enterrement, d’héritage ou d’une sorte de « vie après… », mais bien de décomposition? Cette tendance qui est de tout cacher, parfumer et décorer dans les moindres détails, qui fait à présent notre vision de la mort dans ses premiers instants, est récente. Dans une époque où il était chose commune de côtoyer des corps, de vivre sans savoir comment notre existence allait finir, cette forme d’acceptation est totalement logique, il n’est pas question de pudeur, ou quoi que ce soit d’autre : l’attrait qu’avait le public de l’époque n’est pas le même qu’à présent, car la mort était commune. Assassinats, maladies, guerres… Des sujets qui ne nous concernent plus, nous qui venons de pays « développés ». Nous sommes en quelque sorte plus fragiles, psychologiquement à ces notions, mais il n’est pas étrange de ressentir cette envie, qui est de connaître la mort sous toutes ses facettes, à l’égal nos ancêtres, avant nous. Quel est le sentiment qui nous éprouve à cette rencontre? La peur de l’inconnue, de la fin? Et bien, je suis surement trop jeune et trop peu concerné, pour l’instant, je ne peux donc pas vous répondre…

Débutons en décortiquant le macabre dans son aspect historique, afin de fournir un contexte :

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La tuberculose, ou phtisie (ou encore peste blanche), la maladie du XIXé siècle faisait encore des ravages au début du XXe. La raison : une hygiène de vie désastreuse, l’air vicié des grandes villes comme Paris. Mortelle et très contagieuse, le seul remède de l’époque : une cure de soleil dans un sanatorium… Uniquement pour les riches.

 

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La tuberculose, maladie romantique du XIXe siècle

Petite entracte : La tragique histoire du sanatorium de la Sabinosa

Le climat de cette génération :

Les années 1900 sont considérées comme « la belle époque ». Ce n’était pourtant pas le cas à leur début. Il ne s’agit plus de l’époque victorienne, achevée en 1870, mais elle a laissé ces traces. La fin du XIXe siècle a connue une intense croissance du commerce et de l’industrie. Cette expansion, surtout présente en Angleterre, a contribué à l’ouverture des mœurs. En littérature, la variété des livres et romans est plus grande grâce au développement de la bourgeoisie. Il est donc plus facile d’éditer, néanmoins le puritanisme est élevé. Cette nouvelle population, en soif de connaissance, mais aussi de réussite, ouvre de nouvelles controverses, de nouveaux modes de pensées. La lecture est la première source d’information et de loisir, les mœurs se développent, le romantisme affronte le réalisme, les altercations religieuses et scientifiques prennent leur essor avec le darwinisme et la sévérité morale lutte contre le plaisir… 1900, une époque philosophique qui à du mal à se stabiliser, et mènera à différentes crises, puis à la grande dépression en 1929, qui durera plus de vingt ans. Les classes ouvrières sont de plus en plus misérables, les révoltes et les ségrégations sont monnaie courante, ainsi que les abandons de nouveau nés. C’est le tribut de la mécanisation, mais l’âge d’or suivra, et avec elle les arts, l’architecture et la renaissance intellectuelle : la philosophie et la littérature. Les répressions et luttes sociales se font plus rares, mais restent présentes. En France, ce développement est plus long, notamment à cause de la guerre contre la Prusse, la tuberculose… Le taux de mortalité est élevé, le pays prend du retard, mais s’accroit tout de même et se modernisera tout au long de XXe siècle pour devenir une importante puissance économique. Au temps de ce livre, en 1909 ce sont des notions bonnes à connaître.

La mort, une vision développée à l’époque victorienne, connue pour son spiritisme, ses fameuses « séances » et ses photographies post mortem :

 

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Au début, il était quasiment impossible de photographier un objet en mouvement sans qu’il soit flou, car le temps de pose était extrêmement long. Le seul moyen de conserver un souvenir d’une personne était d’exposer son corps de cette façon. Ce n’est pas du tout morbide, car les mœurs ont changé depuis, c’était plus par soucis technique.

Exemple de méthode photographique, avec appareil où simplement un pieu :

 

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C’est cette mode qui a donné l’embaumement et les cérémonies funéraires, cette méthodologie qui est d’embellir le cadavre, de le montrer en exposition… (la toilette quant à elle est plus vieille, au moyen âge l’exposition lors des messes était rare, et le corps était caché par le linceul). Ce qui est toujours d’usage de nos jours, à l’air du numérique, qui ne nous y oblige plus. C’est aussi de là d’où vient la tendance de faire croire à une apparition fantomatique, par superposition d’images.

Pour plus d’exemples :

L’étrange mode des photos post mortem du XIXe siècle

La photographie post mortem

et le spiritisme

Un livre à prendre avec des gants de latex, que j’ai feuilleté, un peu craintif, et que je n’ai pas tardé a adoré respectueusement (non, je ne vous prêterais pas mon trésor!)… Je suis resté en vénération devant les descriptions, qui s’enchainent tels des tableaux et images d’une époque disparue et peu reconnue. La Mort, considérée par l’auteur comme une entité et non un concept ou un passage d’un état à un autre, est personnifiée. On peut notamment le remarquer par l’orthographe : il insère une majuscule comme s’il s’agissait d’un nom propre. Il l’embellie ou l’enlaidie à sa convenance, la rendant parfois miséricordieuse pour le corps et l’esprit, ou au contraire repoussante dans la dégradation de la chair. Il insiste souvent sur la putréfaction, qu’il brosse en détail. Ce ne sont pas des descriptions strictement scientifiques, malgré le vocabulaire employé, l’écrivain provenant d’une école de médecine. Les circonstances et les appréhensions des personnages créent la partie horrifique du récit. Les aspects de la mort, d’un cérémonial saisissant, qu’il traite dans ses textes sont en préface, sous la forme d’une litanie, les étapes sont quant à elle dans le sous-titre : « à l’hôpital, à amphithéâtre, à la morgue, au cimetière ». La version définitive, avec les annotations et corrections de l’auteur ainsi qu’une biographie complète.

 

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Un site consacré à l’auteur, par monsieur Gindre, une référence à prendre : Édouard Ganche

Édouard Ganche, fils d’un médecin de campagne, forcé d’abandonner ses études à cause d’une surdité partielle. Il créa la fondation Chopin, dont il réunit une prestigieuse collection (si elle pouvait parler, elle aurait des tas de choses à raconter). Il se maria avec la pianiste Marthe Bouvaist, mais demeura sans descendance. Surtout, il est l’auteur du Livre de la Mort dont l’édition annotée, définitive, est parue aux éditions de la Clef d’Argent!

Pour plus d’information : la Clef d’Argent

Les quelques photos de mon périple « Ganchesque » à la fin.

Je ne veux surtout pas répéter les connaissances acquises auprès de Philippe Gindre et Philippe Gontier, ainsi que certains autres, au risque de faire de l’ombre, car leurs recherches sont beaucoup plus pointues et explicatives. Ils sont vraiment talentueux, je ne peux que vous conseiller de vous procurer cet ouvrage, non  pas à cause du partenariat, car je suis un fan de la clef d’argent depuis longtemps. Ce n’est pas pour être commercial : en tant que critique je reste sincère. La plupart des maisons d’édition se contentent d’un copier-coller en préface d’un nom à peu près reconnue. Ce n’est pas leurs cas, la pile de documents récoltés à la fin retranscrit bien les longues années de recherche qu’il a fallu à monsieur Gindre pour reconstituer cette oeuvre et nous la transmettre. Pour reprendre les mots de l’auteur : le temps détruit la mémoire. Aidez-nous à la perpétuer.

Là où monsieur Gindre s’est intéressé à l’étude de l’auteur, de l’individu, je vais me concentrer sur son environnement : en gros il ne s’agit pas d’une observation au microscope, mais d’un guide de lecture, plus qu’autre chose…

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la Morgue, sur l’île de la cité, à deux pas de L’Hôtel-Dieu et de Notre-Dame…

Là où se déroule une partie de notre histoire :

Une autopsie à la Morgue :

Cette nouvelle nous met en présence d’une autopsie de l’époque à la Morgue de Paris. Avant de vous parler des méthodes pratiquées par les chirurgiens de ce temps, j’aimerais vous renseigner ce qu’est la Morgue.

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Voici quelques liens, la décrivant, et un site que je vous conseille, d’un collègue qui m’a l’air fort sympathique :

La Morgue, et un article sur le Livre

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La Morgue, une exposition publique afin d’identifier les corps, mais aussi un moyen d’instruction assez particulier. Au temps où les corps étaient entassés sur les places, par la suite déplacés dans les prisons, il fallait un endroit plus attribué qui devint très lucratif sous cette forme : il fut un grand lieu touristique faisant se déplacer énormément de personnes. Il ferma, pour cause d’atteinte à la pudeur, pas mal d’années plus tard puis fut remplacé par l’institut médico-légal que l’on connait aujourd’hui. Un dernier témoignage :

Léon Gozlan

Sous forme d’une lettre adressée à un médecin, sans qu’on ait besoin d’en savoir long sur ces correspondants, le protagoniste nous raconte sa visite. Il ne va pas cette fois se contenter de « jeter un oeil derrière la vitre », mais va voir comment sont préparés les corps. J’ai trouvé ça assez choquant, mais j’ai totalement accroché, ce grand moment à observer l’autopsie à travers ses yeux…

 

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 LL’opérée :

Au sein de l’Hôtel-Dieu, à présent reconstruit. Les hôpitaux, l’expérimentation passait-elle avant la guérison? Tout en ce texte nous porte à le croire. Pourtant la version finale présente le milieu médical de façon plus objective, voire méliorative, que l’originale. Il ne l’est certes guère : l’indifférence des médecins, la souffrance des patients devant la douleur et un destin incertain… À t-il juger bon de se contenir face aux tensions des factions religieuses et avec les progrès réalisés (plusieurs années les séparent)? Par respect envers ses connaissances en ce milieu? Nous ne le saurons sans doute jamais et comme le dit si bien Philippe Gontier, ils perdent de leur spectacularité.

Je me permets de passer directement à celle-là, pour cause de la géographie du lieu. L’Hôtel-Dieu est un monument datant du moyen-âge, une époque où l’église prônait la charité et où les plus riches venaient en aide aux plus pauvres (en une sorte de rachat de leur âme). Il devint par la suite un immense débarra de ceux-ci lors de la première crise financière et de son «rachat» par la municipalité. En la période du livre s’est concrétisée la notion de soins à la personne, les médecins se devaient de guérir les patients, qu’ils soit chirurgiens ou autre (même si ce n’était pas toujours le cas). Il est passé d’hospice à un véritable hôpital, qui perd peu à peu de sa vigueur.

Cette nouvelle décrit la profonde affliction d’une jeune femme devant son opération, elle ne sait si elle y survivra. Pour quelqu’un ayant été dans ce cas de figure elle peut être plus marquante. Pour ma part ça m’a fait me poser des questions idiotes, puisqu’en essayant de se placer dans le rôle de ce personnage on finit par se demander si ce cas ne nous arrivera pas, un jour. En effet le cadre hospitalier n’est toujours pas rassurant (il l’est plus, je vous l’accorde). Saviez-vous que plus de 70% des personnes âgées internées meurent seules dans leur lit, parfois en se demandant si elles se réveilleront pour le grand moment, entre deux doses de morphines, et souvent en paniquant pour un minimum d’attention? Peu sont au courant au sujet des soins palliatifs, encore peu en profite. Si vous voulez un avis personnel sur la question, le véritable drame d’hôpital est là, dans l’incapacité des gens à vivre proprement leurs derniers, et importants instants, convenablement, dans une société aseptisée.

 

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Le début du vingtième siècle, l’aurore de la chirurgie, un sujet qui a inspiré plein d’auteurs, tel Conan Doyle, et mené à la science médico-légale… Cela peut nous paraitre archaïque à présent, mais de gros progrès ont été faits durant tout de XIXe siècle, moins en chirurgie qu’en médecine (qui se développera avec la guerre de 14-18, encore inconnue pendant la sortie de ce volume, en 1909). Les avancées de cette époque : l’hygiène se développe, l’anesthésie, les vaccins, la psychanalyse (Freud)… Les salles d’opération du début du siècle :

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Pour vous, deux liens, afin de vous montrer que les paysages aussi subissent la dégradation du temps, se décomposent, que rien n’est éternel…

L’hôpital de la marine de Rochefort et La morgue d’Anvers

Quelques médecins célèbres de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, plus de grands noms de la littérature fantastique de ces époques, dont quelques-uns ont surement dû inspirer l’auteur :

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 Le taux de criminalité est très élevé, à tel point que la police emploie de nouvelles brigades, les brigades du tigre. Une époque où la peine de mort attirait les foules, abolie seulement en 1981, et où les criminels étaient guillotinés, voire pendus lors de plus grandes infractions. La police scientifique quant à elle n’a commencé à être mise en pratique qu’en 1987. Quelques grands cas de tueurs en série de la fin du XIXe siècle et du début du XXe :

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Le squelette, une nouvelle qui m’a inspiré et rappelé un haut lieu du glauque, cette fois comprimé sous la forme de bocaux, modélisé grâce à la taxidermie, ou atteint de monstruosité anatomique et plein de choses encore. Je n’ai pas pu me renseigner sur la fabrication des squelettes à cette époque, qui n’étaient pas moulés comme aujourd’hui, mais fabriqués avec les restes des corps à l’abandon ou donnés à la science. Cette nouvelle décrie assez bien le procédé, mais pour les intéressés, il y a un musée à Paris où l’on peut trouver les « merveilles » de la maison Hoffman : le musée Dupuytren 15 rue de la faculté de médecine datant de 1887.

Musée Dupuytren à visiter avant qu’il ne ferme.

Il parait aussi que l’auteur s’y serait rendu en 1903. Son père lui aurait promis de l’emmener pour ses dix-huit ans, une promesse qu’il n’a pu réaliser (voir : Mes débuts dans la médecine d’E. Ganche). Un secteur dédié aux « étrangetés » était accessible au muséum d’histoire naturelle de Dijon, mais a cédé la place, surement par censure. Dommage. (bin ouais, faut pas oublier que ce site est un rien régional).

 

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 Le descendant d’une vieille famille de fabricants de squelettes et autres objets pour la faculté de médecine ne supportant plus sa condition s’éprend d’une jeune femme qui trouvera la mort prématurément. Il montre alors un plan pour rester toujours auprès d’elle. Le trafic de corps était fréquent à cette époque, est-ce une influence supplémentaire à ajouter dans ce recueil? Voici un peu d’histoire concernant la faculté de médecine de Paris :

Créée en 1152, la faculté de médecine a connu une histoire assez similaire à celle de l’Hôtel-Dieu, à ces débuts. C’est une des plus vieilles universités d’Europe, datant du moyen-âge, appartenant au clergé avant d’évoluer par elle-même. Toutefois elles eurent de nombreuses restructurations aux files des âges, notamment pendant la révolution. À voir cet immeuble propret, on s’imagine assez mal le climat de ce début de siècle.

Pour se le remémorer : images

Un site sympa à connaître, pour ça, entre autre : BIU Santé Paris Descartes

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 L’agonie :

Vision ou hallucination? C’est le propre des récits fantastiques : le doute. La froideur des lieux de sciences fait place à la nostalgie effrayante de la Mort. Le retour de la maladie des romantiques ; la tuberculose. Le cadre s’apparente assez bien à la vie d’Édouard Ganche, car nous pouvons faire un rapprochement entre ce couple, dont la femme atteinte de la maladie dépérit peu à peu dans la féerie de la campagne où il passait ses vacances. Il n’a certes pas connu cette calamité, mais, qui sait, peut-être à t’il reçu l’inspiration au détour d’un chemin, au calme de la ville… Le fantastique classique fait son apparition suite au premier tiers du roman, après une transition poétique, La tête de mort. Peut-être est-ce lié à ses jeux d’enfant dans son grenier, avec le squelette qui a servi pendant les études de son père (Mes débuts dans la médecine)… To be or not to be…

Des photos de vacances:

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Le Grand Guignol tire son nom de Guignol, une marionnette dans un spectacle assez perturbateur qui se le veut à son tour, cette fois sous forme d’un théâtre populaire dénonçant la société et trouvant des sujets dérangeants, précurseur de pas mal de styles d’aujourd’hui… N’étant pas du tout familiarisé avec ces pièces, n’ayant jamais assisté à une représentation, je n’ai aucune comparaison à vous fournir. De plus, ce genre n’est plus trop représenté tel qu’à cette époque, les moeurs sont plus basées sur le monsieur tout le monde qui se pose des questions existentielles, que sur l’horreur ou le drame. Il reste donc à disposition les débuts du cinéma de genre et l’oeuvre de Jean Marboeuf, du même nom, qu’y s’en rapproche, pour le peu que j’en sais.

Pour citer une référence : Andre De Lorde

L’article Wikipedia : Grand Guignol

Merci à Philippe Gontier de m’avoir permis d’en connaître un peu plus sur les archives culturelles de ce pays. Il a quelques oeuvres à la Clef d’Argent, mais plus précisément, voici son site : Le boudoir des gorgones avec ses revues.

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La cave aux cercueils :

Connaissez-vous le 104? C’est une galerie d’art qui s’est installée dans de grands entrepôts à l’abandon. Le fait de cette dégradation : l’évolution de l’industrie des pompes funèbres. Imaginez, un énorme centre d’où entre et sors des corps, entre l’hôpital, la morgue et autre et le cimetière, quel qu’il soit… Cette affirmation est exagérée, mais pour les besoins de l’histoire, gardons la rumeur active! Si vous voulez en savoir plus, une jolie section de leur site y est consacrée :

Centquatre, histoire

Sympa non? Cette histoire est inspirée d’un fait réel, ça base seulement, qui à donner l’idée ci-dessous (voir préface) : Un alcoolique se retrouve au chômage et, en arpentant les rues, pose sa candidature dans ce centre. Peu à peu, la proximité des corps en putréfaction, le cadre solitaire de son nouveau lieu de travail se mélangera à la boisson, l’affublant de visions d’horreur. L’alcool à très fortes doses a le même effet que certaines drogues… Mais allez sur le wiki braves nains!

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La danse des morts :

Les danses macabres, rencontre des morts et des vivants dans une danse célébrative. Une autre sorte d’hallucination, onirique cette fois. Un homme raconte son expérience de rêveur. Les images sont assez fortes, elles ont pris de l’âge, mais l’effet ne s’est pas tari. Elle est plutôt courte, mais reprend un mythe sympathique.

Le dit des trois morts et des trois vifs, au haut Moyen-Age, raconte cette rencontre (en omettant la danse). Les vivants sont horrifiés de se voir tel qu’ils seront dans la mort. Il ne faut pas confondre ce thème avec les histoires de revenants sous forme de fantôme, ceux-là sont bien tangibles. Ce qu’exprime l’auteur vient de cette mouvance, qui correspond en tout point au message qu’il fait passer :

La Danse macabre est un élément, le plus achevé, de l’art macabre du moyen-âge, du XIVe au XVIe siècle. Par cette sarabande qui mêle morts et vivants, la Danse macabre souligne la vanité des distinctions sociales, dont se moquait le destin, fauchant le pape comme le pauvre prêtre, l’empereur comme le lansquenet.

Tout au long du XVe siècle et au début du XVIe, ce thème est peint sur les murs des églises et dans les cimetières d’Europe du Nord. Il est diffusé à travers l’Europe par les textes poétiques colportés par les troupes de théâtre de rues.

Cette forme d’expression est le résultat d’une prise de conscience et d’une réflexion sur la vie et la mort, dans une période où celle-ci est devenue plus présente et plus traumatisante. Les guerres — surtout la guerre de Cent Ans — les famines et la peste, que représentent souvent les trois cavaliers de l’Apocalypse, ont décimé les populations.

Cf : Wikipedia

À suivre : Ars moriendi

Un bon livre à lire, pour les bases de ce sujet : La Mort au moyen-âge de Jean-Pierre Deregnaucourt aux éditions Gissserot :

(Au XIV-XVème siècle) les esprits sont curieusement obsédés par la décomposition des corps. Bien sûr, l’église prêchait le caractère éphémère des choses mortelles, mais on se complaisait en sus dans le dégoût morbide, signe de l’empreinte psychologique et collective laissée par les mortalités massives. Et ce dégoût venait s’ajouter aux images des horreurs représentées de la damnation, pervertie par l’idée préalable de la putréfaction.

La danse macabre et une encyclopédie sur la mort : les confreries de la bonne mort

 

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 Enterrée vive :

Sûrement la moins appréciée. Un classique de la littérature Fantastique Classique, le Tic de Maupassant, reprise tant de fois que l’effet perd de son efficacité. Un gardien de cimetière commence à raconter une histoire étrange qu’il a vécue lors d’une de ses rondes, histoire qui trouvera parfaitement sa conclusion par la suite. Un soir une femme est enterrée avec ses bijoux. Il a bien sûr intérêt de veiller à ce que les pilleurs ne profanent pas la sépulture…

Pour plus d’informations, se référer à la fin du livre. Là, nous avons affaire à une histoire de fantôme comme on en trouvait à l’époque. Les amateurs du genre la trouveront certainement très intéressante. Si vous désirez lire les nouvelles fantastiques de ce dernier : Maupassant Nouvelles fantastiques.pdf

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 Le Poussah :

Définition : Jouet représentant un singe bedonnant qui se balance lorsqu’on le pousse. Figuré, homme gras et court, repoussant.

Une nouvelle étrange qui n’est pas dans le ton des précédentes. Pour changer des corps putrides et de l’omniprésence de la mort, elle met en avant les malformations physiques d’un personnage, déteignant sur son mental… Le décor n’est plus glauque, mais paradisiaque. Un détail parmi d’autres qui tranche dans ce livre destiné au macabre. Est-ce une pause entre les récits horrifiques? Nous pouvons nous demander ce qui a poussé l’écrivain à choisir ce thème et ce qui l’a amené, peut-être provient-elle de ses vacances, je l’imagine bien lisant la Belle et la Bête sur une plage bretonne…

Un exemple de malformation physique, mais cette fois avec un individu ayant toute sa tête, le cas « Elephant man » (adapté en roman puis en film) :

 

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 Édouard Ganche suivait les cours privées d’anatomie d’Eugène Doyen, nous dit Mister Gindre. De là, demandons-nous qui peut-être cette personne.

Quelques sites : Dr Doyen et E. Doyen

La médecine archaïque laissait le corps en pâture aux microbes, la stérilisation étant tardive. Pourtant ce n’était pas le seul problème de l’époque. Il est important qu’il y eût de telles personnes, même s’il fut longtemps traité de fou par ses pairs, car les théories progressistes qu’il transmit à la médecine moderne sont pour la plupart appliquées.

Les progrès de la médecine : Histoire de la médecine

Maintenant que vous vous êtes familiarisé, voici des photos de son Atlas d’Anatomie Topographique (j’avoue être pas mal impressionné) :

 

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 Les méthodes de la première partie de vingtième siècle :

 

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Amour et drame d’hôpital :

Une partie du livre cette fois dédié aux maladies. Qu’est-ce que le croup? Il s’agit d’une maladie infantile, Le croup est une affection respiratoire habituellement déclenchée par une infection virale aiguë des voies aériennes inférieures. L’infection conduit à un gonflement de l’intérieur de la gorge, qui gêne la respiration normale et produit les symptômes classiques : toux dite « aboyante », stridor, dysphonie.

Le substantif croup provient du verbe anglais signifiant « hennir » ou « pleurer / crier comme un cheval ». Le nom apparaît en Écosse et se popularise au XVIIIe siècle. Le croup diphtérique est connu depuis l’époque de la Grèce ancienne d’Homère, et n’est pas différencié du croup viral avant 1826 par Pierre Bretonneau. Le croup viral est ainsi dénommé « faux croup » par ce dernier, définissant le « vrai croup » comme la conséquence de la diphtérie. Le croup diphtérique est aujourd’hui pratiquement inconnu dans les pays développés grâce au développement d’une immunisation efficace.

Cf: Wikipedia

Une histoire d’amour loin d’être romantique ayant pour cadre l’hôpital Bretonneau sur la colline de Montmartre. Un étudiant en médecine découvre les joies de l’amour avec une infirmière… Pour un temps. La vision de l’auteur sur la romance est quelque peu sombre, cf : livre Lettres d’amours à une jeune fille. Il est possible que ce soit ses propres études dans ce domaine qui l’ai conduit à ces réflexions.

 

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Le syphilitique :

Un texte engagé, ajouté par la suite et totalement inédit. Une dénonciation. La religion cachait les maladies sexuellement transmissibles sous le couvert de la pudeur et ainsi aidait à son développement. Des mots répétés des centaines de fois… C’est toujours le cas, dans certains pays, avec certains chefs religieux ou politiciens. Une prise de conscience de la sexualité et de ce qui en découle, contre les ligues de défenses de la morale, les fanatiques puritains. E. Ganche faisait partie d’un groupe voulant révolutionner certains principes de la société. Une lutte rappelant celle contre le sida, datant d’un siècle avant notre temps, ce qui fait réfléchir. Je me demande tout de même s’il pensait que certaines maladies se contractaient seulement lors de rapports homosexuels, peut-être dû au fait que la syphilis se remarque moins chez la femme (ou aux on-dit toujours d’actualité, mais tout à fait erronés). Mais étant donné qu’il fut un homme de science, je ne veux pas juger d’après un simple ressenti qui pourrait lui faire du tort. Quoi qu’il en soit ça ne change en rien l’intérêt que j’ai pour lui, et les moeurs changent avec les années… Parfois. Cependant, il ne devait pas dénigrer la religion, ses centres d’intérêt passaient aussi par la philo, donc pourquoi pas par l’ésotérisme?

La syphilis, ou variole fait toujours des ravages dans le monde. C’est une épidémie catastrophique au même titre que de nombreuses autres. Elle peut aboutir à la démence, comme dans ce cas-là et peu causer de graves lésions. Le traitement par pénicilline a été découvert dans les années 40.

Un étudiant en médecine retourne dans la région de ses études et fait une rencontre inopinée qui le traumatisera. Ce scénario n’a rien de spécial pour nous, mais devait tenir à coeur à l’auteur. Encore une vision d’un passé pas si lointain. Ci-dessous : quelques périodiques en rapport.

 

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 Les catacombes et ossuaires sont les endroits où étaient entreposés les corps de ceux qui prenaient trop de place dans les cimetières et qui n’étaient plus demandés. D’immenses fosses souterraines, à visiter à Paris et dans pas mal de grandes villes anciennement chrétiennes, ou des chapelles disséminées en retrait des nécropoles.

Les cérémonies commémoratives sont de plus en plus rares. Il s’agissait de rendre hommage aux morts, même inconnus, dans la même mode charitable qui était rester pieu, en un lieu où les riches côtoient les pauvres, dans leur dernière demeure. Tout comme se rendre sur la tombe du soldat anonyme, mais avec une pensée plus religieuse que patriotique, accessible à tous.

 

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Les cimetières :

« Son unique frayeur ne vient pas de la mort mais du fait de mourir. »

Définitivement la mieux rédigée. Une autopsie des lieux de mise en terre. Les inhumations au sein des églises et lieux de cultes pour la noblesse et les riches ne se faisaient plus. On n’érige plus de chapelles privées, les premiers caveaux et monuments prennent de l’ampleur par souci de coût dès le XVIIIe siècle, début des entreprises de pompes funèbres. À côté de cela il reste les fausses communes, pour les pauvres et les criminels, où le corps, jeté en pâture à la terre, se décompose dans un charnier empli de vers…

Les enterrements de campagnes, généralement près des églises ou dans des champs, terres de familles. N’oublions pas que c’est de là d’où vient Édouard Ganche, il passa son enfance au fin fond de la Bretagne, suivant les traces de son père, médecins (cf : Mes débuts dans la médecine, E. Hanche). Une époque pleine de superstitions qui l’ont surement émut, d’où, peut-être, la provenance de ce livre.

La mort, du point de vue des proches et de celui du condamné. La populace croyait encore, dans des endroits reculés qu’un mort non préparé, c’est à dire ne s’étant pas confessé et n’ayant pas reçu les sacrements sur son lit (donc, succombant d’une mort violente), pouvait revenir sous la forme d’un revenant. L’auteur quant à lui croit que le corps n’est qu’une enveloppe pourrissante qui ne mérite pas toutes les parades qu’on lui offre et que la mémoire et le souvenir sont les choses à respecter chez le défunt. Nous sentons là le point de vue de quelqu’un ayant été confronté très tôt à la mort. Pour nous, cet état de pensée est logique, mais n’oublions pas qu’il était avant-gardiste en ce temps.

« Les vivants d’aujourd’hui font les morts de demain ».

 

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En tant que créateur de la fondation Chopin, et possédant une énorme collection au destin « amusant » (si ces objets pouvaient parler, ils auraient des anecdotes fascinantes à raconter), maintenant exposée au musée Chopin, il fit de longs pèlerinages dans les lieux où il séjourna. Une grande cérémonie, qu’il dirigea longtemps, se passait sur sa tombe, dans le cimetière du Père-Lachaise.

Le site de la société Chopin à Paris : Frederic Chopin

Depuis sa création à Paris en 1911 par Édouard Ganche, Camille Le Senne et Maurice Ravel,
la Société Chopin honore la mémoire et l’œuvre de Frédéric Chopin.

Son histoire est riche d’événements qui ont marqué la vie musicale française :concerts de grand prestige (notamment celui d’Yves Nat du 20 novembre 1931 commémorant le centenaire de l’arrivée de Chopin en France), conférences, voyages, manifestations littéraires… et aussi un pèlerinage traditionnel sur la tombe du musicien au cimetière du Père-Lachaise.

Après la Seconde Guerre mondiale, avec la disparition d’Édouard Ganche (1945) et la dispersion de l’importante collection de souvenirs du compositeur, de partitions et manuscrits qu’il avait réunie, l’histoire de notre Société a subi une éclipse.


C’est en 1979 que reprennent ses activités sous l’impulsion d’Élisabeth Parmentier qui fonde une nouvelle association comptant aujourd’hui plus de 250 sociétaires.

Très vite, avec le concours de personnalités telles que l’écrivain Camille Bourniquel ou la pianiste et pédagogue Germaine Mounier, la Société Chopin à Paris retrouve sa place dans la vie musicale parisienne.

Fidèle à sa vocation et désireuse de contribuer au rayonnement de l’œuvre du compositeur, elle crée le Festival Chopin qui se tient tous les ans depuis 1983 à l’Orangerie du Parc de Bagatelle.

 

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Le dernier quart du livre consacré aux documents rebuterait en temps normal, s’il ne donnait pas envie après des récits aussi percutants. Ayant pris ces notes à mesure de la lecture, je ne me suis pas rendu compte que tout cela était déjà cité, développé et agrémenté dans les postfaces très complètes fournissant une multitude de notes et rendant cette version inégalable par rapport aux anciennes et à nombre d’articles. Mon compte rendu par donc en live par souci d’originalité… Dans cette partie vous découvrirez plus d’éléments sur la biographie de l’auteur, le Livre de la Mort en lui même et ce qui en a découlé.

Philippe Gindre, éditeur, nous présente sa rencontre avec ce texte et ce qui la poussé à le dépoussiéré pour le grand public :

Eh bien, tout a commencé il y a un peu plus de vingt ans. C’était vers la fin mai 1991. Un soir, je traînais dans le quartier de la faculté des lettres, à Besançon, un quartier que j’ai beaucoup arpenté durant une petite dizaine d’années. Comme il faisait chaud, le Bar de l’U avait ouvert ses portes vitrées et j’ai vu mon ami Norbert Gaulard attablé, comme à son habitude, devant une boisson indéterminée et un monceau de photocopies grisâtres. Déjà à l’époque, Norbert collectionnait et collationnait les textes anciens dans le domaine du fantastique, de l’étrange, de l’insolite, du bizarre. Depuis, on l’a retrouvé notamment au sommaire de la revue Le Visage Vert; il a souvent collaboré avec Xavier Legrand-Ferronnière, un grand ami à lui. Bref, déjà à cette époque il avait en projet des dizaines de rééditions annotées et il nous avait fourni plusieurs textes anciens qu’il avait retrouvés dans des revues inconnues et oubliées, qu’il avait présentés et que nous avions publiés dans Le Cri Mécanique, notre première revue, puis dans Le Codex Atlanticus. En me voyant, ce soir-là, il me dit: «J’ai quelque chose pour toi.» C’était en général l’annonce d’une découverte intéressante. Et, de fait, Il venait de découvrir un exemplaire de l’édition originale du Livre de la Mort chez un bouquiniste, et il m’en avait photocopié les textes les plus impressionnants («Le squelette», «Une autopsie à la Morgue» et «La cave aux cercueils»), en me disant qu’il serait intéressant de les faire paraître dans le Codex. Naturellement, j’ai été sidéré de voir qu’en 1909 quelqu’un avait pu produire et publier cet incroyable recueil de gore macabre au style si particulier. Je n’avais jamais rien lu de pareil. Hélas, Norbert ignorait encore qui pouvait bien être cet Édouard Ganche, et à l’époque, pas d’internet pour se renseigner; les informations existaient, mais nous n’avions pas la moindre idée d’où aller les chercher. Assez vite, j’ai découvert pourtant qu’Édouard Ganche avait été musicologue, qu’il avait beaucoup publié sur Chopin dans les années 1920-30, mais cela s’arrêtait là. Ensuite, Norbert est parti dans une autre région et, encore une fois, à l’époque, par de facebook pour garder le contact, nous nous sommes un peu perdus de vue.

Quelques années plus tard, je me suis procuré, assez difficilement, un exemplaire complet du Livre de la Mort et j’ai découvert que les nouvelles que je n’avais pas encore lues, si elles étaient sans doute moins spectaculaires que celles qu’avait sélectionnées Norbert, méritaient d’être rééditées elles-aussi. «Amour et drame d’hôpital» ou «L’agonie» sont des textes remarquables. Et le tout forme un ensemble cohérent que je trouvais dommage de fragmenter, d’autant que désormais nous commencions à avoir les moyens d’éditer des recueils et non plus simplement notre anthologie périodique. Il fallait absolument faire reparaître le recueil dans son ensemble. Un facsimilé semblait même souhaitable. Mais je ne trouvais toujours rien, personne ne semblait connaître Édouard Ganche.

Bien des années plus tard, lorsqu’il a été possible de consulter en ligne les fichiers de la Bibliothèque nationale, j’ai vu que dans les années 1970 la veuve d’Édouard Ganche avait fait don de ses archives personnelles. Cela m’a notamment permis d’apprendre qu’Édouard Ganche avait annoté en 1938 un exemplaire de l’édition originale, dans le but d’en faire paraître une version revue et augmentée. Projet qu’il n’a finalement pas eu le temps de mener à bien: la guerre, la maladie, puis la mort l’en ont empêché. Plus question de facsimilé, il fallait rééditer le livre tel que l’aurait voulu son auteur. Restait à aller consulter ce livre sur place. Nous l’avons fait à deux (l’opération est assez fastidieuse) pour minimiser les risques d’erreur et mon ami Éric Poix, éditeur bisontin spécialisé dans les récits de voyages anciens, m’a donné un coup de main. Les archives d’Édouard Ganche contiennent d’innombrables documents dont beaucoup n’ont pas même été recensés, même si leur classement a été très soigneusement fait à l’époque: il faut dire qu’Édouard Ganche avait conservé de très nombreuses feuilles volantes, des notes, des feuillets qui demanderaient des milliers d’heures à inventorier de manière systématique (cela se fera peut-être un jour).

Par exemple, il a gardé toute sa vie un petit bristol vert bouteille qui n’est autre que sa carte d’admission aux célèbres cours privés d’anatomie que le docteur Eugène Doyen (1859-1916), figure parisienne, dispensait, 8 rue Danton, dans la Grande salle des Sociétés savantes. À l’époque, Édouard Ganche suivait par goût et passion des cours de médecine (tout en poursuivant sa formation musicale), et il a utilisé le personnage de Doyen (sur qui on pourrait faire un excellent biopic d’ailleurs, c’était quelqu’un d’étonnant) dans son recueil: c’est le docteur Trocart de la nouvelle «Une autospie à la morgue».

Plus tard, dans la région de Lyon, j’ai rencontré le neveu d’une dame aujourd’hui décédée qui avait bien connue la veuve d’Édouard Ganche et l’avait même aidée vers la fin de sa vie. On a conservé dans la famille de ce monsieur une petite valise contenant les derniers objets personnels d’Édouard Ganche. Aucune découverte fondamentale dans cette petite valise en carton — pas de manuscrits inédits, hélas — mais des petites choses émouvantes comme son plumier d’écolier, son portefeuille, etc. J’ai pu là-bas (j’ai été très bien reçu) compléter le portrait que j’avais pu me faire d’Édouard Ganche.

À Baulon, en Ille-et-Vilaine, son village natal, son souvenir est encore vivace, une salle d’activités culturelles porte son nom.

En épluchant les journaux et revues littéraires de l’époque j’ai enfin pu retrouver des nouvelles inédites en volume qui feront l’objet d’un second recueil, à paraître à La Clef d’Argent.

Bref, c’est en récoltant ces bribes d’informations que j’ai fini par pouvoir dresser le portrait d’Édouard Ganche que je propose en postface du Livre de la Mort http://clefargent.free.fr//lelivredelamort. Par exemple, on ne peut pas vraiment comprendre l’existence de ce recueil si on ignore ce qu’a été son enfance. Son père, médecin, qu’il adorait, est mort alors qu’il avait 12 ans, et il a perdu sa mère 10 ans plus tard. Son père était pour lui une sorte d’incarnation du refus de la maladie, de la misère et, dans une certaine mesure, de la mort. Un jour — il devait avoir 10 ans — il lui a par exemple reproché de ne pas faire de recherche, de ne pas tenter de trouver un remède contre le cancer. Le but affiché de ce recueil n’est pas d’épouvanter gratuitement, mais plutôt de lever le tabou de la mort, car Édouard Ganche, athée matérialiste, considérait que les tabous de la société de son époque (la mort, la sexualité) étaient préjudiciables au plein épanouissement des individus. Aussi curieux que cela puisse paraître, ce n’est donc pas là l’ouvrage d’un nécrophile littéraire. Reste qu’on comprend, à le lire, tout ce que l’histoire personnelle de son auteur a pu apporter à ce recueil (il l’a écrit entre 24 et 26 ans, durant ses études de médecine) et la mort de son père semble l’élément déclencheur de ce projet hors du commun.

Retrouvez une autre interview de la Clef d’Argent sur notre article du Bloody Week-end : semaine bloody week-end reportage 2

 

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 chiens! à la curée! :

Philippe Gindre, p215, nous explique les différents changements du livre qui comprennent cette nouvelle que je n’ai malheureusement pas pu lire :

Dans ce récit une vieille femme récemment décédée apparaît à son voisin sous la forme d’un spectre vindicatif et entreprend de décrire avec force détails le comportement abject de ses héritiers après son décès. Édouard Ganche cherche-t-il à donner au Livre de la Mort une tonalité plus naturaliste, moins surnaturelle? On peut en douter : la nouvelle « la danse des morts » joue de façon plus évidente et plus systématique encore sur l’hésitation entre le surnaturel et l’hallucination, et figure pourtant, sans changements majeurs, dans le projet d’édition définitive.

Un jour l’édition originale sera disponible sur Gallica, ce genre de choses prennent du temps et si vous êtes l’heureux détenteur de cette version il est peut-être temps de reconsidérer son prix!

Dans un autre contexte, on apprend aussi qu’É. Ganche a assisté aux conclusions de l’affaire Dreyfus, pour plus d’informations : Affaire Dreyfus

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Les citations d’auteurs :

Victor Hugo, Paroles sur la Dune.

Dans Le squelette.

L’ecclésiaste, texte hébreux anonyme.

Dans La tête de mort.

Edgar Poe, The Sleepers.

Dans L’agonie.

Maurice Rollinat, La Putréfaction.

Dans La cave aux cercueils.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal.

Dans La danse des morts.

Maurice Rollinat, En errant.

Dans Enterrée vive.

Saint Augustin.

Dans Amour et drame d’hôpital.

Bossuet, Sermon sur la Mort.

Dans Les cimetières

Des textes sur la mort, parfois des autobiographies d’auteurs romantiques et autres… Une vision de la littérature peu connue, mais je vais m’y intéresser…

 

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Quelques critiques :

Retrouvez-en plus parmi ces pages et sur le site de la Clef d’Argent.

Alamblog

 

Superbe curiosité livresque et littéraire

Le Préfet maritime

 

Les embuscades d’Alcapone

Ce recueil de nouvelles traitant de l’Éternelle triomphante selon l’expression d’Édouard Ganche, a cette particularité d’aborder la mort sous un angle original : à l’hôpital, à l’amphithéâtre, à la morgue ou au cimetière, la mort est ici présentée comme objet d’étude à part entière.

Noosfere

Tous les écrivains, ou presque, ont consacré au moins quelques pages à La Grande Faucheuse. Pourquoi, sur ce sujet, le livre d’Édouard Ganche se distingue-t-il ? D’abord, parce qu’il est entièrement consacré à la Mort, dans toutes ses déclinaisons et ses conséquences. Puis, parce que l’auteur le traite comme une réalité physique, en décrit les étapes, les effets, le déroulement. Enfin, Édouard Ganche, athée, n’habille pas cette rupture de parures religieuses, ne la décrit pas comme un passage vers une vie meilleure pour les plus vertueux, une vie infernale pour les plus malhonnêtes. La mort est une phase biologique, une étape incontournable et Ganche la décrit comme telle.

Serge Perraud

Actusf

Le Livre de la Mort dépeint de façon poignante un panorama
complet et accablant des manifestations de la mort.

Elodie

Yozone

 

La Mort dans tous ses états : tel pourrait être le sous-titre de ce volume

Nicolas Soffray

Mondes étranges

Macabre mais évidemment fascinant, pas exempts de défauts non plus, ce recueil de nouvelles était aussi une rareté qui méritait d’être sauvée de l’oubli. C’est désormais chose faite grâce aux éditions La Clef d’Argent et à Philippe Gindre.

Giraud

D’autres livres d’Édouard Ganche, hormis ceux consacrés à Chopin :

 

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Débattons à présent de la couverture. L’image est la même pour ces deux versions. Un petit chapitre, à la toute fin, nous en apprend plus. Je ne pense pas abuser en lui attribuant quelques mots. Il s’agit du transit de René de Chalon, dont le sculpteur est prétendument Ligier Richier. Vous pouvez le voir à l’église Saint-Étienne à Saint-Mihiel dans la Meuse. Cela mis à part, qu’est-ce?

Les gisants sont des représentations du vivant, de la personne décédée. Pour sa réalisation la confection d’un masque mortuaire n’est pas rare. Il est représenté sur son lit de mot ou transporté à la tombe, de temps à autre par des pleureuses, ou lors de ses obsèques. Il y a parfois des marques de son rang (armoiries, lion pour un homme ou chien pour une femme, symboles chrétiens…). Cette pratique fut supplantée dans le bas moyen-âge par les transits. Pour cette époque de transition, il ne faut pas oublier que la foi avait tendance à décliner lors des crises et autres catastrophes (ce qui se retrouve dans la période de l’auteur dû cette fois aux avancées scientifiques), c’est plus un effet de mode que de dénie de la religion. On ne montre plus le vivant tel qu’il était, mais le corps, laissé à la terre, se décomposant.

La mort omniprésente avait ce petit quelque chose de fascinant, d’intouchable, de mystérieux. Un des plus connus est celui du cardinal Lagrange d’Amiens, fait en 1402. Au XIIIe et XVIe siècle, c’est au tour des priants de faire leur apparition, ainsi qu’une nouvelle forme de deuil où le mort rejoint les proches dans une dernière oraison funèbre. La mort n’est plus miséricordieuse, ce n’est plus un retour à Dieu, mais bien une épreuve pour ceux qui restent, elle met ses atours horrifiques en valeur, et le morbide prend place dans la société.

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 Aller, parce que c’est le genre du site, en conclusion je vais vous conseiller un film pour agrémenter le reste de vos soirées. Et comme on est des nains, on va faire ça bien et rester dans l’intrigue, mais en la rendant… Disons plus humoristique :

Burke and Hare (Cadavres à la pelle), avec Simon Pegg (The Master), Andy Serkis (Gollum) et Isla Fisher. Comment s’est développé la chirurgie grâce à deux types, ayant l’idée la plus étrange et prolifique du siècle : la récupération des cadavres. Avec des tonnes de références à découvrir et des fous rires à prévoir…

C’est étrange les découvertes que l’on peut faire en effectuant certaines recherches…

 

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En faisant l’article, je me suis monté un périple « Ganchesque », c’est à dire visite de son appartement et de sa tombe à Lyon, puis des lieux de l’histoire à Paris. Avant de me lancer, j’ai passé une super journée avec Philippe Gindre, qui m’a présenté les documents ci-dessus, et m’a fait plein de cadeaux. Cet article lui est dédié, pourvu qu’il lui plaise 😉

Sur ce, les images de Lyon :

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La semaine était plus qu’ensoleillée et je peux vous dire qu’on a englouti l’équivalent du Rhône! Lyon est une très belle ville (cf : l’antre de Poulpy, si vous voulez des détails).

Ce n’était pas possible de ramener une plante avec cette chaleur, mais dans le vieux Lyon il y a un fleuriste qui vendait des cactus. Bon, je pensais à quelque chose de symbolique, une tubéreuse, une véronique, une acanthe ou une amarante, un arum, quelque chose de bleu violet… Mouais, au moins c’est original et on a passé du Chopin au cimetière! Monsieur Gindre à lui-même retapé la tombe, étant donné que le couple n’a pas laissé d’héritiers. J’avais l’impression de faire comme Édouard Ganche, lors de ses commémorations sur la tombe de Chopin… En moins préparé, ce n’est pas facile de trouver l’attitude adéquate.

Dans la rue Royale, il y a des façades très jolies, pourtant elle a perdu de sa splendeur (je vais voir si on peut déposer une plaque commémorative). Des barrières de travaux étaient un peu partout, mais nous y sommes retournés deux fois, sait-on jamais, nous aurions pu tomber sur quelqu’un d’intéressent. Il y a de bons bars, sur les pentes des collines, et de bons bouchons. Vous voulez participer à une journée comme celle-là? Contactez-moi! C’est facile…

…Et les photos de Paris :

Ah Paris! Cette ville est magnifique, la nuit, elle est encore plus impressionnante. Des sensations comme ça, il y en a dans peu de places. Je ne comprends pas les gens qui la déteste, d’un point de vue extérieur son coeur est resplendissant, quand on sait observer… Non, il n’y a pas que la bouffe qui nous plait! Bon, par contre en dessous c’est la galère : la Bastille, plus facile d’y entrer que d’en sortir (quand on est un petit touriste qui n’y connais rien aux sorties de métro).

En arrivant sur l’île de la Cité, il ne faut surtout pas suivre les panneaux pour rejoindre l’Hôtel-Dieu. Après avoir tourné un peu on a trouvé et même… Picniker dans la magnifique cour!

 

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 J’ai été déçu de ne pas trouver le bâtiment de la Morgue : il a été détruit dans les années 30 pour faire place à un monument pour les victimes de la déportation (qui est cette fois plus discret). Quant au reste, tout a été déménagé vers les quais de Bercy.

Je n’ai pas non plus eu le temps de visiter les cryptes de Notre-Dame, mais au lieu de ça nous nous sommes bien amusés à trouver le musée Dupuytren, au centre des cordeliers (qui est en fait à l’école de médecine, au 15, sur la droite… Pas facile). La politique de confidentialité est stricte, le conservateur : « Il faut respecter les débris humains contenus et non les utiliser dans un autre cadre que celui-ci ». C’est très compréhensible et comme il est difficile d’avoir les autorisations, vous vous contenterez de la porte et de la magnifique cour qu’un jour, notre homme a surement arpentée :

 

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 En traversant, dans un lieu un peu moins introuvable, mais quand même, toujours dans l’établissement (celui de la nouvelle du squelette, à propos), la galerie de l’histoire de médecine avec pour seule photo celle du docteur E. Doyen et à l’arrière-plan, devinez qui!

 

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 La fatigue… Et non le shopping rue Dante, cela va de soi, m’a fait rater une autre galerie, celle de pharmacognosie, découverte dans le Science et Vie de juillet 2013 sur les mystères de Paris (qui tombait vraiment bien! Merci Mr Gindre). Deux autres cabinets de curiosité vous attendent : le cabinet particulier 67 rue Saint-Jacques et le musée des moulages de l’hôpital Saint-Louis (dans un autre genre, les écorchés de Fragonard de l’école vétérinaire). Si vous avez d’autres adresses capables d’attirer notre curiosité, n’hésitez pas à les faire partager.

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Le musée des moulages dermatologiques

Le deuxième jour n’était pas si « Ganchesque », le musée Carnavalet c’est avéré assez décevant, par contre, les catacombes, quel bonheur! Je m’y suis bien amusé :

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C’est sombre, car les flashs sont interdits. La queue est toujours très longue donc je vous conseille de faire ça le matin, à la fraiche, pour ne pas subir le chaud-froid à la sortie. Après cette overdose d’os (voir plus haut), nous vous laissons la surprise de l’ambiance locale et dirigeons-nous au Père-Lachaise pour rendre une petite visite à ce cher Chopin…

 

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 Les guides sont pour le moins sympathiques et c’était amusant de faire partager la vie de monsieur Ganche dans mon franc anglais approximatif! J’ai rencontré un groupe sympa venu d’Espagne, un fan et ses amis québécois, plein d’anglais… Un bon moment sous le soleil parisien. Prenez un plan en entrant, c’est immense et les grands noms ne sont pas indiqués, vous y gagnerez pas mal de temps. Le cimetière ferme très tôt et les gardiens sont rigides à ce sujet, j’imagine qu’ils ont dû en voir de belles dans leur carrière… Pourquoi pas le fantôme de Chopin à la recherche de son coeur, transporté à Varsovie? Le bas relief sur le devant n’est autre que son masque mortuaire (il a un nez bizarre 🙂 J’ai pu me tenir sur la dalle où les membres de la société Chopin faisaient leurs discours.

Le troisième jour nous a amenés dans le quartier riche, celui de La Madeleine, avec ses vendeurs de caviars, de cigares, de parfums, de champagne, ses hôtels cinquante étoiles et ses gens sortis d’un Vogue ou d’un People. C’était là que ce trouvait un des appartements de Ganche et les premiers locaux de la fondation. Oupsy, je n’avais pas regardé la nouvelle adresse de ces Chopineux et pour trouver du WiFi sans payer 5€ le coca dans un bar, ce n’est pas facile.

 

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Le 5 rue Greffulhe. Son premier appartement étant vers l’hôpital Bretonneau, c’est à dire à pèrpette les bains, nous avons commencé par celui-ci. L’autre, au 5 rue Godot de Mauroy, deux rues plus loin, était coincé entre les sex-shops et les cabinets de comptabilité, mais la cour intérieure n’a pas dû beaucoup changer.

 

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La suite et fin s’est faite au jardin des plantes, pour une troisième couche de squelettes, mais de dinosaures. Le temps n’était pas de notre côté cette fois et nous n’avons vu du 116 que le toit, dernière les chantiers de Bercy. Oui, c’était crevant, et je ne vous ai pas tout dit! À quand la prochaine?

C’est la fin de ce long reportage, dédié au grand homme qu’était Édouard Ganche. R.I.P.

 

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« Les sincères se rendent sur la tombe des leurs. Ils se satisfont de cette visite aux défunts et s’imaginent attester un souvenir fidèle en se rapprochant des enterrés.

Cette idée respectable est absurde, car les restes de l’homme ne sont qu’un résidu dégoûtant. Le corps n’est qu’une enveloppe, le contenant d’un esprit plus ou moins doué de qualités et digne d’être révéré congrûment. L’individu mort, sa mémoire seule mérite d’être glorifiée et la véritable religion du souvenir est en soi, dans l’intimité des songes, dans la possession de l’image du disparu et d’objets ou d’oeuvres qui étaient siens, et non dans une parade de la douleur, dans l’ornement d’un charnier et l’apport de fleurs sur une charogne.

Courbé sur une tombe, nul ne se représente l’insoutenable spectacle dont quelques mètres de terre le séparent. Nul ne pense être respectueusement agenouillé devant un tas de chair putréfiée ou d’ossements, sans conformité avec l’être connu. »

É. Ganche, les cimetières.

Un reportage de Poulpy le poooooooulpe!