Double Critique Mangas by Poulpy

Nausicaä de la vallée du vent et Laputa, le château dans le ciel, ont plusieurs similitudes du fait qu’ils se passent dans le même univers. Les films de Miyazaki pour le studio Ghibli montrent à chaque fois des protagonistes différents, et si certains scénarios peuvent se dérouler sur des plans assez semblables ce n’est jamais vraiment précisé, au contraire de ces deux là. En France, tout cela est passé inaperçu à cause de l’ordre de sortie qui différait de l’ordre de production. Pourtant, Nausicaä se déroule des années avant sa suite, Laputa.

Je vais donc vous parler de ce film là en premier. Nausicaä est une princesse vivant dans la vallée du vent, une vallée proche de la forêt toxique (à cause de ses spores) où vivent des insectes géants et où la végétation a muté à cause d’une sorte de virus ou d’une autre arme (ce n’est pas très bien précisé) qui fit entrer le monde dans une aire apocalyptique. Toute l’action se déroule bien plus tard : les survivants ont développé des royaumes hors de cette zone et y vivent grâce à un mixe de la technologie de leurs ancêtres et la leur, qu’ils ont développées avec le temps. C’est donc dans cette vallée rurale que règne la famille de cette héroïne, pas si différente des autres héroïnes que l’on peut voir dans ces autres films. Mais celle-là a demandé un sérieux développement de la part de Miyazaki, étant donné que ce film est une prémisse à ses futurs films et au studio Ghibli lui même. Dans le manga éponyme, de 1982, on apprend plus de choses sur l’Histoire de ce monde et au sujet de la guerre entre les empires Dork et Tolmèque. L’anime est plus condensé pour faciliter sa découverte dans une plus courte durée, ce qui se fait régulièrement. Et c’est de cette guerre qu’il est question dans cette histoire : un conflit qui va déterrer les puissances qui ont réduit à néant les ex-empires dirigeants. Notre protagoniste va se retrouver contre son gré en plein milieu de ces événements et va tout faire pour sauver ce monde et son peuple de l’anéantissement.

C’est surtout un synopsis basé sur la naïveté des personnages principaux, qui sont encore une fois des enfants, et sur l’amour et la compassion (comme d’habitude). Mais Miyazaki ne choisit pas des enfants que pour mieux séduire le jeune public, comme ce que disent les critiques d’ici, mais aussi pour rendre à ses histoires une pureté inégalée. Et ce sera la base de ces prochaines oeuvres, ça et la nature dont il raffole. Ce sont les points forts de cet animé : la beauté des paysages, des insectes, qui sont au centre de l’intrigue, des vaisseaux, plus le développement des héros ainsi que le character design en général. Les points faibles ne sont pas l’animation, car ces films resteront toujours les meilleurs à ce propos, ou la bande originale (même si elle a pris un coup de vieux), mais c’est que cette intrigue bien ficelée est assez basique pour le public d’aujourd’hui. Les dessins sont très détaillés et créent une ambiance très particulière, par contre ils sont de moins bonnes qualités. Il faut un début à tout, surtout en 1984. Je pense que la colorisation déboussolera un peu les habitués et les passionnés. C’est pourtant une de mes histoires préférées, car les insectes qui peuvent paraître monstrueux sont très attachants, les vaisseaux, le lien entre la nature et la technologie sont parfaitement bien réalisés et transparait sous les traits de l’héroïne… Je vous laisse découvrir par vous même.

Malgré sa sortie tardive, « Le château dans le ciel » date de 1986, juste après la parution de Nausicaä. Le point faible est donc le même : son âge. Mais son originalité compense largement. Cette dernière et l’ost sont très agréables. L’animation s’est elle aussi améliorée en même temps que son budget, et son dessin est plus proche de ce qu’on a l’habitude de voir. Les Miyazaki ne sont pas considérés comme des mangas, mais comme des films à part entière. Le grand public n’a pas de préjugés. Comment est-ce possible ? Peut-être est ce dû à la fluidité de l’histoire qui est plus tout public et convient bien aux Européens. Mais je pense aussi que c’est un peu grâce à son originalité et aux idées, peu profondes en surface, mais qui pourtant font réfléchir par la suite. Bien sûr, c’est seulement mon avis. Ce film fait lui aussi l’apologie de machines volantes jalousées par un grand nombre de personnes du métier et on retrouve les robots géants du premier film que l’on voit plus dans le détail pour le bonheur des fans. Il n’y a plus les insectes géants, mais on y retrouve toujours la végétation luxuriante et la faune habituelle chez cet auteur. Encore une fois, le nom et les inspirations font références à des univers existants, qu’ils soient mythologiques ou littéraires. On perçoit nettement la grande culture qui en émane et cela ne fait qu’accentuer la profondeur du script :

Le début se passe dans un des grands dirigeables qu’on à l’habitude de rencontrer. L’héroïne, une descendante du peuple de Laputa, est captive de militaires qui souhaitent mettre la main sur les richesses de cette cité. Mais ils ne sont pas les seuls, pirates et factions veulent eux aussi profiter des trésors qu’elle recèle. Lors de son évasion, elle va faire la connaissance d’un jeune garçon et ils vont se retrouver au centre d’un nouveau conflit avec les mêmes buts que les héros de Nausicaä (la base n’est pas si différente). Il s’agit là encore d’une lutte de pouvoirs, du point de vue de deux enfants tentant d’échapper à tout cela et du destin de ce monde… Du déjà vu en quelque sorte. Mais de cette base jaillit une nouvelle foule de personnages séduisants et encore plus intéressants que dans le film traité précédemment. Je pense surtout aux pirates qui élèvent le niveau. Les décors sont eux aussi séduisants, ainsi que le robot. Encore une petite merveille portée sur l’écologie, à voir et revoir et à montrer à toute la famille.

Ces deux films sont dynamiques et restent longtemps en mémoire. Le côté dramatique est plus marqué que dans d’autres productions et même si Miyazaki s’est enfermé dans un style au risque de tourner en rond, on n’est jamais déçu. Ils sont tout de même plus adultes que certains comme Totoro ou Ponyo, mais demeurent à portée de tous. Le côté romanesque les fait s’approcher plus du reste de sa production et de Mononoke, esprits en moins. Ils sont plus « européens » et si vous voulez des histoires centrées sur la mythologie japonaise comme dans Chihiro vous risquez d’être déçus. Si vous cherchez une histoire calme et basée sur un personnage, à la Kiki ou Porco Rosso, ce n’est pas ceux que je vous recommande. Plus que cultes, ils marquent un versant de l’épopée Ghibli.

Article écrit par Poulpy.