Le monde de Lovecraft by Poulpy

le monde de Lovecraft

L’étrange article de Poulpy,

en hommage au Maître de Providence

Un article rédigé bizarrement afin d’être un poil plus original que les autres

(en partageant vos impressions, vous contribuerez à son amélioration)

 

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Monsieur Lovecraft n’eut pas une vie très heureuse. Il ne connut pas la célébrité de son vivant et vécut ses derniers instants dans la pauvreté et la maladie, alors que ses derniers textes venaient juste de lui apporter une conséquente notoriété. Dans son enfance il fut bercé par les romans de Poe, Machen ou Dunsany, les contes et histoires de marins que lui racontait son grand-père maternel, et d’autres livres d’une époque victorienne, qu’il lut en abondance et qui influença son mythe des Grands Anciens ainsi que son style littéraire si particulier.

Il fut élevé par ces tantes après l’incarcération de sa mère dans un asile et le décès de son grand-père, qui le marqua terriblement. Quittant l’école très tôt, il passa sa jeunesse à étudier la chimie, ainsi que les romans fantastiques qu’il aimait tant. Il s’ouvrit au monde grâce à ses contributions pour un petit groupe de rédacteurs amateurs, puis via le soutien de Sonia Green, qui deviendra sa femme. Sa faible santé et sa grande imagination le prédisposaient à un métier littéraire.

Il commença à écrire très tôt. En 1947 fut éditée sa première nouvelle, Dagon, dans Weird tales. Mais son style ne plaisait pas à tout le monde, la majorité le trouvait trop complexe, ou arriéré. De son vivant, son oeuvre fût essentiellement publiée dans cette revue. De New York à Providence, il passa son temps chez lui, à écrire et à correspondre avec certains qui après sa mort aidèrent à faire connaître ses oeuvres, Comme August Derleth, le fondateur d’Arkham House. Je ne vais pas vous écrire sa biographie, beaucoup d’auteurs le font mieux que moi, et ce n’est pas le but de cet article.

Après sa mort, en 1937 le Lovecraft circle continua d’exister, d’ailleurs, le nombre de ses fans ne fit qu’augmenter. De nombreux écrivains perpétuèrent le mythe. C’est le cas de Brian Lumley, avec le réveil de Cthulhu, par exemple. D’autres auteurs se sentirent inspirés par le maitre, comme Stephen King ou Mike Mignola. Mais the master n’eut pas que des romans à son image, il y a le célèbre jeu de rôle The Call of Cthulhu, qui tire son nom de la nouvelle, le jeu vidéo Alone in the Dark, et bien sur : des films! Mais cela, je le réserve pour la fin… – Poulpy

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Howard Philips Lovecraft. Lovecraft était un type cool qui mangeait des glaces. Le seul problème c’est que c’était un type cool, mais n’est jamais mort ce qui a jamais dort et bla-bla-bla la mort… Si monsieur Lovecraft était encore vivant, je lui conseillerais la glace aux macadamias, les oranges givrées et les granitas. Mais monsieur Lovecraft est mort en 1937, d’un cancer de l’intestin, si vous voulez tout savoir. Poulpy aimerait comprendre comment un gentleman comme lui a pu choper cette chose, c’est triste… Sûrement à cause de sa malnutrition. Mais ne spéculons plus là-dessus. Un poulpe de ma connaissance aime la glace au chocolat, ainsi que les Ben and Jerys, avec des trucs qui font ckrunch… Lovecraft rata pas mal de parfums. Dans les années 10-20, il n’y avait que très peu de choix de glaces et sorbets : les réfrigérateurs domestiques datant de 1926, il était tout bonnement impossible de conserver ses aliments. Mais, en tant qu’apprenti bouddhiste croyant en la réincarnation, j’ose imaginer un Lovecraft appréciant ces plaisirs congelés. En 1920, il y avait quand même de larges possibilités de goûts, car les glaces et les sorbets datent tout de même de l’antiquité. Et, ce qu’il faut avant tout préciser c’est que monsieur Lovecraft était particulièrement chanceux sur un point : il est né en Nouvelle-Angleterre. Providence n’est pas seulement une ville merveilleuse pour son architecture, son université, son port de pêche et ses sociétés occultes, elle est aussi célèbre grâce à Frédéric Tudor qui, selon Wikipedia, développa un nouveau commerce en exploitant la glace naturelle de Nouvelle-Angleterre pour la vendre dans le monde entier ! En fait il se nourrissait de beaucoup de produits laitiers, et avait une alimentation vraiment pas top qui lui a donné des effets secondaires super pas top. La classe est qu’il aimait le fromage ! Et comme c’était l’époque des grosses immigrations, il devait avoir un tas de nos croutes en Amérique. Je ne connais pas son fromage préféré, mais ici on est à fond sur le comté et la cancoillotte. Le site HPLovecraft donne une vision assez représentative de la vie de Lovecraft, sur son alimentation, mais aussi sur sa façon d’être au quotidien. Le problème étant que monsieur Nain, avant que nous nous connaissions, avait fait un article sur Cthulhu et le mythe, je ne peux donc reprendre cette idée. C’est ballot parce que, étant membre de l’ordre ésotérique des fanatiques lovecraftiens, ne pas vous parler de l’homme derrière l’auteur serait comme oublier ses œufs dans le corail pendant sa reproduction, si vous voyez ce que je veux dire.

L’article de monsieur Nain : Lovecraft et le Mythe de Cthullu

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…Car vous pouvez trouver des tonnes de trucs à propos d’Howard Philips Lovecraft :

Cthuugle ; The H.P. Lovecraft Archive ; The H.P Lovecraft Historical Society ; The Lovecraft Monument (Fr) ; Innsmouth Mania; Le Wiki Lovecraft et Wikipedia; Le Forum francophone ; En Hommage à Lovecraft ; et bien sur : La Clef d’Argent.

(sans compter les magazines Arkham House et Lovecraftzine, les sites d’illustrateurs tel que celui de Goomi, de Fructus ou de Yog-Blogsoth, les WDF du net dont Hello Cthulhu, Little Cthulhu, The Elder Gods Dance, Ask Lovecraft, … : difficile de ne pas tomber dans le déjà vu)

Et, tout de suite…

Le guide spécial Lovecraft
fait par les poulpes, pour les poulpes (et le reste) !

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Lovecraft, ce type cool et pas xénophobe, juste un peu, mais pas trop, aimait aussi les chats. Le trait de caractère félin a dû beaucoup l’influencer dans son mythe, car le fait que les Anciens veulent gouverner l’univers (enfin, c’est compliqué) et y arrivent, sans que personne ne le sache et ne fasse quoi que se soit pour les contrecarrer, est assez proche de la domination poilue de Facebook. Après, on peut se demander ce que donnerait Lovecraft s’il était un chat : siamois, tout maigre, qui se cache dans les endroits sombres et qui te snob en toutes occasions, sans doute (ça vous rappel ce qui skoite votre salon ?). En plus, comme il vivait la nuit, aimait l’exploration urbaine et les endroits abandonnés, peut être qu’il poussait le vice en allant jusqu’à chasser les pigeons… Et voilà, vous avez une image étrange dans la tête ! Mais nan, je déconne… Tout le monde aimerait ressembler à quelqu’un d’aussi génial que Lovecraft, n’est-ce pas ? Ce serait embêtant si l’on venait à vous inciter à ronronner sur les toits et à migrer dans les environs d’Ultar, la citée onirique où il est interdit de tuer un chat. Pour comprendre Lovecraft il faut déjà se concentrer sur sa vie, et pour cela, qu’avons-nous à faire de mieux que de nous plonger entièrement dans le quotidien du Maître ?

Un plan d’article : dans cette partie vous aurez le loisir de disposer d’une approche WDF sur Comment Être Un Bon Lovecraft (pour les groupies du 21ème siècle), si vous êtes néophyte, rien ne vous empêche de la zapper et si vous désirez lire une vraie présentation de cet auteur, tout est en lien.

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Partie 1 : Être un bon Lovecraft en 3 leçons

  1. Aménager son appartement

Pour être un bon Lovecraft il vous faudra aménager dans de l’ancien, du victorien c’est encore mieux, sans avoir peur que votre foyer tombe en ruine. Il est conseillé de prévoir une grosse boîte aux lettres. Ensuite, pour rester dans l’ambiance, vous avez deux choix possibles :

– le choix du collectionneur, c’est à dire collecter tout plein de meubles anciens de l’époque de la jeunesse du Maître, du British qui a du vécu (si vous êtes riche).

– le choix du nostalgique, reprendre toutes les affaires de votre enfance, des peluches à la vaisselle de votre grand-mère, et vous entourer de tout cela, les chouchouter et repenser à de jolies choses.

Ensuite, il vous faut des chats. Par contre, attention : les personnes vivant avec des chats ont plus de chances de se suicider. Il vous faut enterrer votre téléphone, ordi, etc., et vos habitudes du 21ème siècle pour le confort rustre du début 20ème. Vivre dans les années 10-30 cela veut dire compter ses pièces et… que vous êtes assez proche du cas en fait. En vous contentant du strict minimum et en vous mettant dans une ambiance assez intimiste (c’est à dire en quittant vos amis et familles pour ermiter), vous serez assez proche de l’état d’esprit d’Howard Philip Lovecraft et vous commencerez à vivre, voire à écrire, de toutes nouvelles choses.

Le salon/La chambre :

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Commencez par virer tous vos trucs et meubles. Mettez une jolie table au milieu, encombrez-la de papier, d’encre et de matos (faut bien commencer à écrire). Vivre dans un espace restreint, éclairé par une lampe à huile ou à pétrole, la nuit, sera votre lot pendant cette période. Le conseil est d’avoir un lit confortable ainsi qu’un garde mangé. Le mieux est que votre salon soit votre chambre. Si vous possédez une fenêtre, observer les étoiles fait bel effet sur l’imagination. Mettez-vous dans la tête d’un passionné d’astronomie, prenez les livres de référence à entreposer dans une grande bibliothèque, consultez-les régulièrement. Sur les rayonnages, il vous faut du Poe, du Dunsany, du Machen (bonne chance), du Blackwood, et j’en passe. Plus d’informations sur ces auteurs favoris dans son essai, Épouvante et Surnaturel en Littérature. Les livres de vos amis, à côté de la pile de Weird Tales, comme Clark Aston Smith, par exemple, c’est obligé. Pour vous en procurer, rien de tel que la, Clef d’Argent, qui vous fournira toute sorte de manuels fondamentaux pour déchiffrer les pensées du Maître de Providence. D’autres sont répertoriés ici, wiki.hplovecraft.eu. Vous avez tout ce qu’il vous faut, je pense pour débuter votre nouvelle vie. Ça fait secte, dit comme ça…

PS : N’ayant pas lu toute la correspondance de Lovecraft, qui n’a pas été entièrement traduite en Français puisque composée de quelques 7 500 lettres, je fais peut-être quelques gaffes.

La cuisine :

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Dans une cuisine de cette époque, il y a très peu d’équipements : pas de réfrigérateur, on va tout de même garder le four et l’eau courante, ça risque fort d’être prise de tête. Si ça se trouve, vous avez un poêle ou une cheminée là où vous êtes, ça a l’air amusant à utiliser ! Saviez-vous que Lovecraft a vécu une grande partie de sa vie dans un appartement non chauffé ? Enjoy ! Il se peut que Lovecraft ait eu une cuisinière (s’il a eu une cuisine… peut être chez sa tante), apparue au début du siècle dernier. Comme il vivait la nuit, cela devait être dur de faire ses courses au jour le jour, à cause de la mauvaise conservation des aliments (achetez du bio, en gros), ce qui doit expliquer en partie sa malnutrition. En effet, pour être un bon Lovecraft il ne faut pas avoir peur de faire des diètes. Surtout, n’allez pas à la première épicerie de nuit près de chez vous, mais plus chez les locaux, croiser des hippies c’est chiant, mais vous aurez de vraies recettes d’antan.

Voici ce qu’il vous faut manger :

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– du fromage. Beaucoup de Brie et de Camembert, mais pas de Roquefort ou de bleu. C’est assez bon si vous les chauffez un peu et que vous rajoutez du pain… Du comté et du parmesan, ce n’est pas mal non plus. N’hésitez pas à être une caricature francophone.

– des frites. Ce n’est pas cher, mais attention a ne pas prendre de surgelé : là encore, un restaurant de vieux, ou de quartier glauque, fait l’affaire. Là aussi, vous pouvez vous consoler avec un steak, de bœuf plus particulièrement. Il y a des choses qui traversent les âges…

– toutes sortes de viandes (//). Des tourtes et des saucisses aussi, à allé chercher chez un boucher. Ce qui revient assez cher, donc ce n’est pas pour tout les jours. Mais il aimait les spaghettis et la bouffe italienne, ce qui vous gâte, vous et le budget !

– des haricots. Si ça vous fait trop penser à un mauvais western, arrêtez tout de suite, mais une chose est bien avec ça : vous pouvez vous faire une réserve de conserves (ou trouver un resto qui en sert, bonne chance). Oui, un petit resto bien rural peut vous sauver.

– les légumes. À éviter : les épinards et tout ce que vous n’aimiez pas étant enfant. Par contre le chou (sauf de Brussels), les petits pois, les navets les oignons, les carottes et surtout la rhubarbe, ça passe. N’en abusez pas trop, c’est pas entièrement son truc.

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Les petits déjeuners :

Faites en des gros, avec trouzmilles litres de café, de la confiture et de la marmelade sur du bon pain frenchy. Il aimait beaucoup les choses sucrées, ce qui fait de lui un grand enfant : c’est trop mignon ! Ne les prenez pas à l’anglaise, soyez fidèle à nos habitudes.

Les desserts :

Je vous ai déjà parlé de la glace : vénérez-la. Creusez vos galeries dedans et faites vos propres montagnes hallucinées, à la vanille et au café, ou à la fraise. Pas de cornet surgelé, c’est mieux de manger ça dehors, même en pot. Le chocolat au lait, c’est topissime. En glace, oui, pourquoi pas, en barre : surtout. Si vous voulez prendre un autre dessert que la glace, c’est celui-là (on évite les anachronismes, hein). Et puis il y a les tartes, pour accompagner vos crèmes glacées, aux pommes et en été (prenez des fruits de saison), aux myrtilles (fraîches). C’est juste trop bon !!!

Gens ! Il vous faudra oublier l’alcool et la clope… et quoi que ce soit d’autre, c’est antilovecraftien au possible. Oui, arg, un gros sacrifice à faire c’est sûr.

La salle de bain de cette époque est vraiment rudimentaire. Il s’agit juste d’un lavabo, les appartements ne comprenaient pas forcément de douche. S’il en avait une, je n’en sais rien, peut-être qu’il allait dans des bains collectifs, mais je l’imagine mal faire ça. Juste, en prendre c’est mieux, je pense… sans eau chaude… Les toilettes, ça, il devait avoir (même sur le couloir de son immeuble de NY). Pour vous habiller, vous n’avez pas un choix de garde-robe énorme, à l’époque il était impensable qu’un homme comme lui ne porte pas de costume ou sorte sans son chapeau. Il vous en faudra donc des chipos, mais des classes.

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  1. À voir, à faire et à éviter

Le gros point important est d’éviter les anachronismes. Vous en aurez surement, inutile d’en rajouter en écoutant de la musique ou en regardant la télé. C’est assez difficile (surtout pour la musique) et plus vous aurez à abandonner des trucs, plus vous passerez pour un barge de chez les mormons, ou pire. C’est pour ça que, tel un sectaire (donnez-moi votre fric !), restreignez votre cercle de connaissances. Lovecraft n’était pas le genre de personne à la tête très saine, du point de vue du citoyen modèle, on ne voudrait pas que vous vous fassiez interner parce que vous n’avez pas pu voir le nouvel épisode de Doctor Who ou que vous ne vous déplacez plus en voiture. Se fier au code lovecraftien signifie rejeter le code social. En plus, c’est un mode d’emploi pour chômeur (le terme technique est dilettante), vivre sur le dos du RSA prend un tout autre level. Ne plus voir vos potes est inutile, même vos amis FB. Lovecraft avait une correspondance très prolifique avec toute sorte de gens. C’est à ça que va vous servir le papier à lettres. Aussi, c’est un détail, mais la vie au début du siècle, quand on est un fidèle admirateur des Anciens est assez étrange car les principes ne sont pas les mêmes. Être raciste, par exemple, est assez normal quand on est issue d’une riche famille coloniale. De nos jours, c’est un peu à éviter, quoi. Il faut peser le pour et le contre, comme disait je sais plus qui, vous n’êtes pas obligé de devenir méchant pour être un parfait Lovecraft (d’ailleurs il ne l’était pas vraiment, c’est une question de mœurs). Se lovecraftiser ne veut pas dire se parquer chez soi, monsieur Lovecraft adorait se promener dans les rues de sa tendre et chère Providence. Visiter votre quartier, traîner dans les rues de votre ville peut être fascinant et très important pour le développement de votre imagination. Un bon cadre forme les bons récits. Une bonne bibliothèque aussi, mais j’y reviendrais. Se trouver une bonne rétrospective de films des années 10-30, découvrir de la musique de l’époque (sauf peut être le blues et le jazz, ce n’était pas forcement son style), feuilleter des classiques du Fantastique et des nouvelles parues dans de vieux Weird Tales sont des exemples de loisirs à notre porté. Si vous décidez de transposer la vie de Lovecraft à notre époque, étudier son style vous aidera grandement, car des réalisateurs, compositeurs et écrivains de notre temps seraient susceptibles de l’intéresser. Dites vous que, s’il vivait parmi nous, peut-être serait-il attiré par les films de la Hammer, par Geoff Smith, Love is Colder Than Death ou Rachels et sûrement qu’il suivrait attentivement les sorties de la Clef d’Argent !

Que faire de vos jou… nuits

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Oui, parce que Lovecraft écrivait la nuit. Enfin, pas lorsqu’il vivait avec ses tantes, ou sa femme. Il était très prolifique dans sa période nocturne, spécialement lors de sa dernière décennie, et, comme beaucoup d’auteurs, était très influencé par ses rêves. En gros, une nuit dans la peau d’un Lovecraft consiste à : se lever, s’occuper de sa routine (miamiam, frottefrotte, gratgrat), checker sa boîte aux lettres, répondre aux potentielles lettres, écrire de potentielles lettres, rédiger des notes sur un format papier, construire son texte, écrire son texte (n’oubliez pas le but de se manuel), revoir son texte, se prendre la tête avec son texte, se tuer devant son texte, voir même, finir son texte ou lire un bon livre/magasine/journal, se balader et faire dodo. Du moins, c’est comme cela que je l’imagine… Les conditions de vie de monsieur Lovecraft n’étant pas toujours au top, il lui fallait vivre à la dure, et, à l’occaz, se transformer en nègre littéraire (une profession qui n’est pas dénuée de tout intérêt). Après avoir testé cette méthode pendant quelques semaines, j’en suis arrivé à me faire un petit planning, que je vais vous présenter. Poulpy préparait toujours un carnet de notes à mettre à côté son lit avant chaque dodo, pour noter les bonnes idées de la nuit. Pour ne pas rêver de lapins géants qui vivent dans les bols de nouilles, Poulpy se mettait dans l’ambiance en lisant un bon texte de notre vénéré Lovecraft ou de ses pairs. C’est assez difficile d’atteindre la cité onirique de Kadath dès les premières fois, il ne faut pas se leurrer (avec un peu de chance, vous verrez votre premier angle non euclidien au bout de la quinzaine). Ensuite Poulpy trainassait pour regarder les nuages (à défaut des étoiles) et commençait à rédiger. C’est dans les moments de pure nostalgie que l’on arrive le mieux à écrire. Construire sa bulle à la Lovecraft prend là toute son importance. S’habituer à l’encre est très compliqué, de plus il faut se dire que la réécriture prendra plus de temps. C’est là que l’on se rend compte que nos ancêtres étaient des warriors ! Enfin, il n’y a pas vraiment de méthode pour devenir écrivain…

Ce qu’il vous faudra aimer et détester

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Puritain : Personne austère et prude très attachée aux principes (moraux, religieux, politiques…). Qui fait preuve de pruderie; qui témoigne de rigidité.

Ce qui signifie : tenez-vous à un code, renfermez-vous et soyez conservateur. Un intelligent conservateur, pas un petit vieux qui se plaint tout le temps. Cela signifie que le contact avec la populace vous sera très très pénible. Éloignez-vous de la foule, de tout ce qui vous parait trop osé, trop dévastateur, regardez le monde d’en bas et ignorez-le, surpassez-le, vous êtes désormais un lovecraft, et la bassesse ne doit plus vous atteindre. Roi dans votre monde solitaire, tentez de percer les mystères de l’univers tel un philosophe incompris et trop inapte à l’intégration dans un monde en pleine déchéance. Voyez la fin de l’humanité et fuyez les sabbats de tous les jours. Attention : Lovecraft ne s’intéressait pas à l’aventure humaine, ce n’est pas parce qu’il critiquait sans cesse les membres inférieurs de son espèce qu’il aimait polémiquer sur sa bestialité ou sur ses capacités à l’autodestruction. Nous pouvons penser que son aversion de tout cela lui a permis de décrire d’infâmes créatures qui ne lui inspiraient que du dégoût… mais je ne pense pas que cela soit si simple. Il vous sera sans doute difficile d’à la fois vous renfermer en vous même et de vous couper de tout afin d’atteindre un tout autre cadre, mystérieux et cosmique, hanté par d’effroyables mystères restant à jamais hors de la porté de votre esprit. Soyez transcendant.

Comme de nombreuses personnes se sont penchées sur « le cas Lovecraft » pour rédiger des livres de référence et des documentaires, et ainsi tenter de décrypter la penser du maître, je vais être plus tenté de vous fournir un lien d’article vous permettant de vous fournir tout plein d’oeuvres sous plusieurs formats, plutôt que de continuer ce fanatique monologue. Le voici : La Clef d’Argent.

Lovecraft aimait les chats, l’astronomie et aussi (surtout) la littérature. Il aimait également certains artistes comme Gustave Doré – qui illustrât The Raven d’Edgar Allan Poe – Virgil Finlay – à qui nous devons une belle gravure du maître en tenue victorienne – Sidney Sime – dont les graphismes des œuvres de Dunsany sont très représentatives – le peintre Henry Fuseli et d’autres personnes qui, elles non plus, ne sont pas réputées pour leurs paysages paradisiaques remplis de petits poneys et de fleufleures. Si vous avez lu le Model de Pickman, vous comprenez où je veux en venir. Lovecraft lui-même s’est essayé aux travaux graphiques à plusieurs reprises, vous pourrez le constater en regardant les images mises en ligne plus bas. Qu’aimait-il d’autre ? Le cinéma, bien sûr, autre support culturel de l’époque. Le film All Quiet in the Western Front (À l’Ouest Rien de Nouveau) parlant de l’horreur et de la futilité de la Première Guerre mondiale, un conflit alors récent, lui fit une forte impression, tout comme The Barretts of Wimpole Street, David Garrick et Cavalcade, comédies et drames de déroulants à l’époque victorienne, inconnue en France, Berkeley Square qui raconte l’histoire impossible d’un homme rencontrant ses ancêtres, un fantasme sûrement partagé par Lovecraft qui n’a pas eu l’opportunité de connaître sa noble et riche famille, A Midsummer Night’s Dream (Songe d’une Nuit d’Été) et Don Quixotte, deux grands classiques qui ont défrayé la chronique, et les comédies Strange Interlude et Wintersett qui ne sont pourtant pas du genre de Lovecraft l’écrivain ! Alors, comment transposer ses goûts cinématographiques à notre époque ? Voilà une question pertinente et cela me fait extrêmement plaisir d’y répondre. Et bien, si on oublie le fait qu’au vingt-et-unième siècle les gens sont plus travestis et osent énormément de choses nouvelles, je pense que la sélection suivante est assez fidèle. Vous y trouverez de l’anticipation, quelques ovnis prolifiques pour l’imagination, des films conflictuels et des choses plus classiques qui, sait-on jamais, auraient l’approbation de notre cher Maître : vous pouvez peut-être voir et revoir des séries telles que Star Trek, Babylon5, Twin Peaks, The Prisoner et The Twilight Zone, plus récent encore Akta Manniskor et Her auraient retenu son attention. Si nous continuons dans la SF avec Abyss, Monsters, The Thing, Welcome in Gattaca, The Fontain, dans les films historiques avec Dance With Wolves, Agora, The Last of the Mohicans et The Name of the Rose, ou Elephant Man, Hanging Rock, Rose Red, Sleepy Hollow et The Road, ou bien Dorian Gray, Ivan the Terrible, Nosferatu, The Ghost of the Opera, Solaris, et les Hammer (je ne sais pas s’il supporterait nos films d’horreurs…), vous avez de quoi vous faire de bon plateaux télé. Mais nous nous éloignons énormément du sujet.

Préparer sa librairie

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Je vais à présent vous fournir une liste exhaustive de ce que l’on pouvait retrouver dans la bibliothèque de Lovecraft. Cette série de romans pourra être étoffée avec des livres de référence sur l’astronomie ainsi que d’autres encyclopédies. Voici des bibliographies à dévorer : celle d’Edgar Allan Poe [ ! ], de Machen, de Lord Dunsany, de Rollinat, Huysmans, Hawthorne, Bierce, E.L. White, Kipling, Hearn, De La Mare, E.F. Benson, W.H. Hodgson, Yeats, Blackwood, Marlowe, R. L. Stevenson, M.P. Shiel, Robert Howard et Clarck Ashton Smith. J’ai fait un petit tri, car Howard Philips Lovecraft lisait énormément. Sinon, d’autres classiques :

– Robert W. Chambers : The yellow sign

– Bram Stoker : Dracula

– Lewis : Le moine

– Shelley : Frankenstein

– Auguste de Villiers : Reliques et nouvelles

– M.W. Lewis : Tales of terrors/Tales of wonders

– Moore : The Epicurian

– William Harrisson : Le vaisseau fantôme

– Sir H. Rider Haggard : She

– Erkmann-Chatrian : l’Oeil invisible

– Villiers de l’Isle-Adam : torturé par l’espoir

– Gustav Meurink : Le golem et Le visage vert

– Marion crawford : The upper berth

– Ralph Adams Cram : Death valley

– Richard March : The beetle

– Sax Rohmer (Arthur Sarsfield) : Brood of the Witch qenn

– Francis Brett Young : Cold harbour

– Wells : Ghost of fear

– Montague Rhodes James : Count Magnus

– C.R. Maturin : Melmoth

– Horace Walpole : Le château d’Otrante

– Oscar Wilde : Dorian Gray

– Baudelaire : Les fleurs du mal

– Maupassant : Le horla

– Balzac : La peau de chagrin

– Merimée : La venus d’Ille […]

(je recommande tout particulièrement la collection des Chef d’oeuvres du Mystère et du Fantastique des éditions de l’érable qui propose des traductions de la plupart de ces textes dans un format très classieux, si vous en trouvez).

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  1. La première sortie en société

À présent que votre mobilier est placé, il est temps de voir comment vous vous en sortez en milieu hostile, c’est à dire en ville. Si vous vivez à la campagne il y aura très peu d’obstacles sur votre route du Comment Devenir un Bon Lovecraft. Par contre, si vous vivez en ville, et dans une grande cité, ça se complique. Lovecraft déprimait lorsqu’il était à New York. Sa fascination pour ses architectures s’est transformée en horreur de leurs habitants qu’il trouvait idiots, trop pressés et faux-cul (sans compter qu’il vivait très mal cette immigration massive qui déclencha une croissante vague de criminalité). Vous vivez à un rythme peu réglementaire, vous ne risquez donc pas de faire trop de rencontres, qui seraient peut-être mauvaises vu vos horaires. Évitons donc les endroits où cela grouille, où vous risquez d’entrer en contact physique avec un humain et où l’espace est réduit. Préférez les balades au métro (évitez les souterrains !), sortez toujours avec un carnet de notes pour le cas où. Votre tenue doit changer dès que vous posez le pas à l’extérieur. Redressez-vous, prenez de la distance avec ce qui vous entoure, observez le décor, écoutez les conversations… Piochez l’inspiration. Lovecraft était un homme très poli, de nos jours cela fait peur, il faut faire attention. Et voilà, je crois que cela fait déjà pas mal de changements. Si vous avez des questions, qu’une situation vous paraît trop complexe à résoudre pour un apprenti Lovecraft, où que vous trouvez que Poulpy exagère, c’est dans la rubrique commentaire. Voici une galerie de photographies pour vous mettre dans le contexte. C’est à vous !

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