Reportage Bloody Week End les interviews By Poulpy et Albertine Crowley

le Bloody Week End, cinquième édition

 

Par Poulpy et Albertine Crowley

 

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Partie 2

1. Le jury

Débutons cette seconde partie avec les interviews du jury !* Ils sont venus de loin afin de nous rencontrer, fans assoiffés, et de juger le top des courts-métrages sélectionnés. Car oui, le Bloody est avant tout un haut lieu de compétition. Mais avant de revenir plus en détail sur ce point, laissons la place aux célébrités et remercions-les non seulement pour ces entretiens, mais pour avoir fait le déplacement jusqu’au festival et pour s’être prêtés au jeu.

Un gros câlin à Mick Garris et sa femme pour leur gentillesse, à René Manzor pour sa patience face à un Poulpy hystérique, à Laurence Harvey pour m’avoir fait rire et peur à la fois, et puis à Ruggero Deoddato le « Monsieur Cannibale » à la minicaméra, à la belle Barbara Magnolfie, à Benjamin Rocher au sourire toujours présent, et à Philippe Nahon, notre icône en France, pour tout cela aussi ! Nous avons passé de grands moments avec vous tous, nous ne vous oublierons jamais.

(*plus d’informations dans la première partie, ainsi que dans le prélude à ce Bloody Weekend, uplaudés juste avant par le big boss Monsieur Nain) Voici, mesdames, messieurs et mesdames-messieurs…

René Manzor

Dans la télévision et le cinéma français (mais aussi anglo-saxon), Réné Manzor tient une place totalement à part. Il a plongé dans le long métrage avec une inconscience et une cohérence qui l’ont sauvé ! Dès ses premiers pas dans le cinéma (après trois petits courts métrages d’animation), il s’impose par un style très personnel : visuel, narratif et surtout émotionnel. Comme l’a dit Steven Spielberg, son producteur sur la série « Young Indiana Jones », René Manzor apporte à son travail une vision rare et passionnée qui fait de lui un réalisateur à part dans le cinéma international. Il est particulièrement apte à transposer les émotions d’un script sur l’écran, de même qu’à créer une atmosphère unique dans laquelle ses personnages évolueront.

Et cela se voit, dès son premier long métrage en 1986 : « Le passage » avec Alain Delon, qui a fait totale confiance à ce jeune homme de 25 ans à la sensibilité à fleur de peau, exprimant, à travers des fictions inhabituelles, des choses simples comme la vie, la mort, la perte d’un enfant, la conscience face à un monde en folie, les interrogations de l’artiste, la difficulté de vivre en couple. Des thèmes qu’il reprendra, quatre ans plus tard, dans « 3615 Code Père Noël ». Le film fait l’ouverture du Festival Fantastique d’Avoriaz, confirmant la maestria de René Manzor à fabriquer des univers visuels impressionnants.

Comme « Le Passage », « 3615 Code Père Noël »est un scénario original : l’extraordinaire et unique duel entre un enfant et un psychopathe, avec, pour champ de bataille, l’imaginaire. Le film est aujourd’hui considéré comme une référence « culte ». Manzor devient la coqueluche des producteurs TV américains : des épisodes de la série comme « le voyageur » et « Le jeune Indiana Jones » Retour en France, en 1997, pour « Un amour de sorcière » puis, en 2003, »Dédales », polar entre horreur et fantastique, véritable défi narratif autant que technique ! Depuis René Manzor, s’est tourné vers la télévision où il est considéré comme un véritable « Film Doctor », où sa manière de donner un nouveau regard, à des séries comme « Alice Nevers », »Highlander »ou « Julie Lescaut », fait merveille et bat tout record d’audience.

Après le cinéma (qu’il n’abandonne pas), la télévision (qu’il compare à une salle de musculation), René ajoute une corde à son art : le roman. A près le succès de son thriller littéraire « les âmes rivales », le cinéaste confirme que, avec une caméra ou un stylo, il est et reste avant tout un conteur, qui sait vous tenir en haleine pour mieux vous plonger dans les méandres de vos peurs primales.

Gilles Gressard – bloodyweekend.fr

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Quels sont les styles que vous préférez mettre en scène ? Le Fantastique ? La Comédie ? L’Horreur ? La Science Fiction ?

Tout ce qui tient du « mystère ». C’est le mot que je préfère. Dans le genre « Mystère », je range le Fantastique, bien sûr, mais aussi le Suspense, le Mystère Historique, le Thriller, la Science-Fiction (quand elle ne devient pas Fiction-Science).

Le Fantastique que j’aime ne coupe pas les amarres du « crédible ». J’ai besoin que mes histoires se déroulent dans un monde bien réel, que le lecteur croie à cette réalité, qu’elle lui soit familière. J’ai besoin qu’il puisse se projeter facilement dans mes personnages de façon à être confronté comme eux à des événements qui le dépassent. Ce qui m’intéresse, dans le genre du Thriller, par exemple, ce sont ces moments où les personnages d’une histoire, en même temps que leurs spectateurs ou lecteurs, sont obligés progressivement d’abandonner le cartésianisme qui les gouverne pour s’ouvrir à une autre façon de voir les choses, là où l’intuition et l’instinct sont plus utiles que la raison.

 

C’est le cas dans dans 3615 Code Père Noël ?

3615 Code Père Noël nous projette dans la peau d’un enfant, au moment où il apprend que le monde ne ressemble pas forcément à celui qu’on lui a présenté. Que les adultes peuvent mentir, (le mythe du père Noël est le 1er mensonge). Et que, pour devenir un homme, il faut apprendre le « mode d’emploi » des adultes qui consiste à raisonner de manière logique et à mentir pour ne surtout pas montrer son vrai visage. À la naissance, l’enfant est tout le contraire de cela. Il se montre tel qu’il est et ne pratique pas la logique.

 

Et dans Dédales quel voyage nous proposez-vous ?

Dédales s’intéresse à la notion d’identité. Sommes-nous plusieurs personnes ou une seule ? Lorsqu’on se met en colère et que l’on dit ou fait des choses qui ne nous ressemblent pas, libérons-nous quelqu’un d’autre à ce moment-là ? Ou bien une partie de nous que nous condamnons au silence ? Lorsqu’on se bourre la gueule, qui est la personne qui prend le contrôle de notre corps ? Nous avons tous une personnalité dominante qui correspond à ce que les gens croient que nous sommes, mais notre individu est une somme de personnalités différentes. Et, tôt ou tard, il nous faudra les rencontrer.

J’ai remarqué que vous avez toujours un réel message à faire passer, vos films ne sont pas que de l’ordre du divertissement, vous aimez que les gens réfléchissent sur certains sujets.

Lorsque je vais au cinéma ou que je lis un roman, je cherche la distraction, bien sûr, mais pas seulement. Je veux en sortir avec des thèmes de réflexions. J’ai horreur des brainwash, des pop-corn movies ou des romans de gare. Je n’aime pas non plus les films ou les livres que je qualifie d’« intellichiants ». Ils sont si hermétiques que l’on s’y emmerde. J’aime que les films et les romans qui allient distraction et réflexion.

…Et c’est quelque chose que j’aime dans vos films et que vous réussissez vraiment.

Ce n’est pas juste le spectacle qui m’intéresse. C’est la chair de poule, quelle que soit l’émotion qui la provoque. C’est cela que je cherche. Une communication organique et sensorielle avec celle ou celui à qui je raconte. Que ce soit au cinéma ou dans les romans que j’écris.

 

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On voit aussi que vous aimez beaucoup les enfants, ils sont en quelque sorte le fil rouge entre vos réalisations. L’exemple le plus frappant est dans Un Amour de Sorcière, ou cela n’a pas dû être facile de tourner avec un si jeune enfant. Pourtant, vous réussissez à les mettre dans un cadre, dans une ambiance qui fait qu’ils sont vraiment persuadants. Pourquoi vous tournez-vous vers un si jeune public ? Que représente-t-il à vos yeux ?

Les enfants sont des adultes qui ne sont pas encore usés. Ce ne sont pas les êtres incomplets ou en devenir qu’on veut nous présenter. Ils ont une puissance d’imagination plus forte que les adultes. Du reste, la métamorphose qui transforme l’enfant en adulte nous amène à perdre beaucoup plus que ce que nous gagnons. L’Enfant est motivé par son imaginaire, l’Adulte par la raison. Le moteur de l’Enfant, c’est la foi. L’Adulte, c’est l’appât du gain. L’Enfant est capable d’être rassasié en faisant semblant de manger. L’Adulte tuera pour survivre.

Choisir un enfant comme héros d’une histoire permet à chacun d’entre nous de se projeter. Non pas physiquement, mais en souvenir. Car il fut un temps où, pour nous, tout était possible.

Donc, pour vous, les enfants sont une porte vers le Fantastique et non une image de l’innocence ?

Les enfants sont tout sauf innocents. Ce ne sont pas des petits anges. Loin de là. Ils sont capable du pire comme du meilleur. Ils peuvent être extrêmement cruels, parfois. Mais ils mentent moins que nous. Ils croient plus que nous. Ils imaginent plus que nous. Ils sont une porte vers le rêve. Scientifiquement, plus on est jeune, plus on rêve. Et nous ne retrouvons ce potentiel de rêve que vers la fin de la vieillesse. Le fœtus, par exemple, passe 90% de son temps à rêver.

Lorsque vous avez réalisé des épisodes du Jeune Indiana Jones, ou encore Highlander, avez-vous vu beaucoup de différences entre les plateaux français et ceux américains ?

Oui, essentiellement dans l’organisation du travail. Mais aussi dans le fait que l’on fait beaucoup plus confiance aux auteurs aux États-Unis. Ce sont eux qui produisent les séries alors qu’en France ce sont les chaînes qui ont le pouvoir. Et les producteurs travaillent pour elles. Les séries américaines sont pilotées par les auteurs qui ont créé l’idée de la série. La proposition vient directement des créateurs. Il y a un ton, quelque chose de personnel. Du coup, toutes les séries ne se ressemblent pas. En France, la commande vient de la chaîne qui suit sa ligne éditoriale. Voilà pourquoi la majorité des séries se ressemblent…

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C’était René Manzor, le président du jury de cette année ! Son film, 3615 Code Père Noël fut diffusé en sa présence le samedi soir et il dédicaçait ses deux romans, Les Âmes Rivales et Celui Dont le Nom n’est Plus. Et maintenant, voici le parrain du festival, le terrifiant :

Philippe Nahon

Né le 24 décembre 1938, Philippe NAHON, est un acteur de cinéma français. 1961 marque le début de sa carrière, il joue dans « Le Doulos » de Jean-Pierre Melville. Les turbulentes années 70, l’entraînent dans des rôles engagés comme « Les camisards » ou « Le Pull-over rouge ». Son physique tout en force lui permet d’endosser des rôles populaires, dans « Les anges gardiens », par exemple, ou « Les Visiteurs 2 ». Il s’illustre également dans des films noirs comme « Le poulpe » en 1998, ou « La Haine ».

Philippe Nahon a une gueule et en profite. Personnage souvent inquiétant, dans le diptyque « Carne » et « Seul contre tous » de Gaspar Noé, il interprète un boucher raciste et désespéré. Proche des jeunes réalisateurs des années 90, il tourne notamment avec Audiard (Un héros très discret) ou Christophe GANS (Le pacte des loups).

Il retrouve l’étrange Gaspar Noé pour le très polémique « Irréversible », Nahon marque les esprits des fans de films horrifiques dans « Haute Tension », d’Alexandre Aja, « Calvaire » de Fabrice du Welz ou « La meute » de Franck Richard et devient l’objet d’un véritable culte pour certains spectateurs… On le retrouve en 2014 dans le film « Ablations » d’Arnold de Parscau. – bloodyweekend.fr

 

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Qu’est-ce qui vous a poussé à être acteur en premier lieu ?

Moi j’ai commencé à me déguiser à huit ans, dix ans, comme tous les gamins et puis mon père me lisait et je jouais Cyrano de Bergerac, à quatorze ans je commençais déjà à le connaître par cœur. Il m’emmenait souvent au théâtre et quand je lui est dit qu’un jour je serais de l’autre côté, il n’a pas été content du tout. Il m’a dit « c’est de la folie, c’est un métier de dingues, tu seras toujours comme un oiseau sur la branche, ça ne tombera pas automatiquement tous les mois… » Mais je voulais faire ça. J’ai tout lâché, les études je m’en foutais royalement, j’ai fait partie d’une compagnie de théâtre amateur, puis d’une deuxième, d’une troisième… J’ai été aussi en professionnel à dix-sept, dix-huit ans, avec une compagnie qui faisait un festival à l’île de Ré. Je faisais le grouillot, je montais les décors, je tirais les câbles pour installer les projecteurs, et puis j’avais un rôle très secondaire dans les pièces, mais j’étais dans le milieu.

Puis il y a eu l’arrêt pendant vingt-huit mois pour le service militaire de la guerre d’Algérie, quand je suis revenu j’ai fait le Doulos, mon premier film, ainsi qu’un spectacle avec Christian Dante, puis d’autres théâtres. Je suis ensuite allé voir mes copains qui étaient dans une compagnie en Provence, ils venaient d’avoir un accident et il manquait un comédien, je l’ai remplacé et je suis resté trois ans avec eux. Nous n’étions pas payés du tout, mais on faisait quarante villes, huit départements… Nous faisions les décors, les costumes, on montait nos pièces dans de petits théâtres, et dans les grands je m’occupais de l’équipe technique, je donnais les ordres et je me reposais dans la loge. On pouvait jouer deux fois dans l’après-midi et avoir un autre spectacle pour le soir. C’était formidable parce qu’on chargeait et déchargeait le camion et puis quand c’était fini, on faisait, cinquante, cent kilomètres, vers une autre ville.

Ça a continué jusqu’en 68, quand il y a eu les événements, et j’ai été embauché au Théâtre de la Ville. J’ai rencontré plein de gens, notamment Jean-Pierre Vincent et Pierre Debauche. J’ai tout le temps été au théâtre jusqu’en 73 où j’ai commencé ma première télé et fais Les Camisards, un film avec René Allio et tous les acteurs de la décentralisation, c’était une affiche magnifique. Plus tard j’ai eu la chance de rencontrer Gaspar Noé et le cinéma m’a embarqué.

À la base, vous préférez être un acteur de théâtre ?

Oui, c’est ma passion. Je ne veux pas arriver sur un plateau sans très bien connaître mon rôle et mon texte, même quand on répète avec les autres comédiens et pour les cameramans, les électros, il y a des plans de séquence où il faut être comme au théâtre !

Parfois c’est bien de pouvoir jouer la comédie au cinéma. Seul Contre Tous est la meilleure carte de visite que je peux apporter. Il y en a eu d’autre, j’ai beaucoup souffert sur le tournage, mais c’était un film magnifique à l’arrivée, c’était Vendredi Où un Autre Jour d’après Michel Tournier (Vendredi Où les Rêves du Pacifique), qu’on a tourné à la Réunion pendant quarante-cinq jours.

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Quelles ont été vos meilleures rencontres pendant votre carrière et durant votre collaboration avec Gaspar Noé ?

Je n’ai pas rencontré grand monde pendant les films de Gaspar Noé, sauf après, Kassovitz, Audiard, Ganz, Nicloux, et puis tous les jeunes qui voulaient absolument travailler avec moi. C’est pour cela que je fais énormément de courts-métrages, de moins en moins parce qu’il ne faut quand même pas trop tirer sur la ficelle. Mais ma meilleure rencontre, ça a été avec Reggiani sur le Doulos, c’était extraordinaire. Il était humble, gentil comme tout, ça c’est un bel exemple. Puis Signoret, Auteuil… Mais il y a malheureusement beaucoup de cons, qui se prennent pour des stars et qui ne le sont pas du tout. Je ne me considère pas comme une vedette, je fais mon boulot. Quand j’arrive sur un plateau je dis bonjour à tout le monde, jusqu’au dernier régisseur.

Vous avez joué dans énormément de films depuis 62, votre filmographie est impressionnante, que pensez-vous de vos premiers rôles avec le temps ?

J’en garde un souvenir magnifique, avec Gaspar surtout, et Bouli Lanners, Fabrice du Weltz dans Calvaire, Alexandre Aja dans Haute Tension. Après Seul Contre Tous, qui n’est pas un film d’horreur, mais l’histoire d’un pauvre mec au chôm’du, j’ai été catalogué pour faire les psychopathes et les tueurs, ce qui est vraiment intéressant à faire, Marchal m’a donné un super beau rôle dans MR 73. Maintenant je me permets de dire non à des réalisateurs, ou non à des comédiens qui sont dans la distribution, quand je ne veux pas travailler avec eux. Il faut qu’il y ait un message dans ces films, je n’ai pas envie que ce soit ni vulgaire, ni cucu, ça m’emmerde. Comme dirait l’autre, je suis toujours dans le social.

Ça se voit dans vos rôles de psychopathe ! D’ailleurs, est-ce vraiment cette image que vous voulez transmettre à vos fans ?

C’est eux qui décident, ce n’est pas moi ! La première fois que je suis arrivé au Bloody Week-end ou que je suis allé à une réunion de films gores à Strasbourg, comme il m’est arrivé aussi pendant une convention à Cincinnati, dans l’Ohio, d’être complètement abasourdi de l’impact des films, surtout pour Haute Tension et Seul Contre Tous et puis d’autres, comme La Meute. Puis quelquefois j’en ai marre des »c’est un tueur, Philippe Nahon sur le tournage, putain, qu’est-ce qui va arriver au mec ! ».

L’horreur et le Fantastique sont des choses que vous aimez à titre personnel ?

Pas spécialement, sauf quand je suis dedans, parce que je me marre en faisant ça, je sais comment on fait les fausses têtes, des cicatrices, comment on se bat, avant je faisais des chutes, mais j’ai plus vingt ans, c’est plaisant.

 

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Là nous venons de sortir d’un des championnats de court métrage, quels conseils donneriez-vous à cette nouvelle génération qui présente leurs films au Bloody ?

Je ne sais pas, je leur donne des conseils quand je suis sur un court, là c’est différent. La seule chose est qu’il faut que leur scénario soit béton. S’il l’est, ils peuvent prendre de moyens comédiens et ça passe. Avec un mauvais scénario, même des acteurs extraordinaires ne peuvent pas le sauver.

Continuez à venir au cinéma, pour que le cinéma vive. Et vive le cinéma !

Je laisse la place à Mick Garris, en remerciant au passage sa gentille femme et Éric Peretti pour sa traduction live. Son film Sleepwalkers (La Nuit Déchirée) a aussi été diffusé le dimanche et nous avons passé un super moment en sa présence ! Bon, il est clair que si j’avais su que j’aurais un traducteur, les questions auraient été plus personnalisées, mais je suis assez content de nous :

Mick Garris

Lauréat de plusieurs prix de réalisation, commence à écrire à l’âge de douze ans. Pendant qu’il est au collège, il écrit des articles sur la musique et les films pour diverses publications locales et nationales. Pendant ses années universitaires, il édite et publie son propre magazine de culture Pop. Il passe 7 ans comme chanteur avec le groupe rock les Horsefathers.

Son premier emploi dans le cinéma, en tant que réceptionniste au sein de la société Star Wars de George Lucas, l’emmène jusqu’à activer les manettes de contrôle du robot R2D2 pendant les représentations publiques, dont la cérémonie des oscar. Garris présente et produit  » The fantasy film festival » pendant trois ans sur la télévision locale de Los Angeles et commence à travailler au département publicitaire de l’Avco Embassy puis chez Universal Pictures. C’est là, qu’il crée des making-off pour divers longs métrages.

Steven Spielberg l’engage comme monteur sur la série Amazing Stories pour la chaîne de télévision NBC où il écrit ou co-écrit 10 des 44 épisodes. Dès lors, il écrit ou participe à plusieurs longs métrages tels que Riding The bullet, Miracle Sur La Huitième Rue, La mouche 2, Hocus Pocus, Critters 2: The Main Course, et passe à la mise en scène et à la production dans de nombreux médias : le câble (Psycho 4 the beginning pour Showtime), le cinéma (Critters 2, la nuit déchirée), la télévision (Quicksilver Highway, Virtual Obsession), des pilotes de série (The others, Lost In Oz) et des mini séries (The Stand, The Shining, Steve Martin, The judge).

Sa version du livre de Stephen King, Riding The Bullet, véritable phénomène de l’édition e-book, qu’il a adapté, produit et réalisé, est sortie sur les écrans en octobre 2004. En 2005, Garris produit et réalise en une oeuvre de trois heures pour la chaîne de télévision ABX, Desperation, adapté du livre de Stephen King. Garris est le créateur et le producteur exécutif de la série Masters Of Horror dont il a aussi assuré l’écriture et la réalisation notamment de l’épisode Chocolate. En 2011 Bag of bones une mini-série adaptée du roman Sac d’os également de Stephen King. – bloodyweekend.fr

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Qu’elle a été selon vous votre meilleure réalisation ?

C’est une question vraiment difficile parce que j’aime différents films pour différentes raisons. Riding the Bullet est le plus personnel, mais mon moins gros succès, c’était un flop total. Il s’agissait beaucoup de ma vie, c’était bien sur inspiré par l’histoire de Stephen King. J’avais perdu mon frère et mon père juste avant de réaliser ce film, donc la mortalité était vraiment dans mon esprit. Techniquement, je pense que The Shining est un de mes favoris et The Stand, Le Fléau, le plus populaire que j’ai fait.

 

Que pensez-vous de vos premiers films, aujourd’hui ?

Mon premier film était pour la télévision, donc on peut dire que le premier long métrage que j’ai réalisé était Critters 2. Il a eu une longue vie. Il est récemment passé au cinéma de Los Angeles, à minuit, et la salle était pleine. Tout le monde a ri au bon moment, tout le monde a crié au bon moment, c’était comme retrouver un vieil ami.

 

Pensez-vous qu’il est plus facile de réaliser des films pour la télévision, ou pour le cinéma ?

Il est beaucoup plus difficile de réaliser un téléfilm, car il y a un plus petit budget et que l’emploi du temps et plus restreint. Mais on en fait plus de choses. Beaucoup de films pour le cinéma ont un plus gros budget, ils y a moins de considérations commerciales, et vous n’avez pas à les couper pour insérer la pub, ce qui ruine le suspense et l’ambiance créée. Il est tout de même très difficile de trouver des financements pour un film cinéma alors que beaucoup requièrent moins de budgets que les téléfilms et nous sommes plus libres dans la réalisation. Plus le film a du budget, plus on a de restrictions de la part du studio et des réseaux.

 

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Avez-vous de nouveaux projets en préparation ?

Je travaille sur beaucoup de choses en ce moment, plus que pendant un temps. Je suis producteur d’un film appelé Unbroken, Angelina Jolie est le metteur en scène et les frères Coen on écrit le script depuis un énorme best-seller parlant de mon père par alliance, un héros de la Seconde Guerre mondiale. Il était dans un bombardier qui s’est crashé dans le Pacifique. Il a passé trente-sept jours dans un radeau de sauvetage au milieu de l’océan avant de se faire repérer par les Japonais et d’être emprisonné dans un camp pendant deux ans et demi. C’est un énorme « Universal movie », je n’ai pas eu beaucoup à faire, mais je l’ai vu se réaliser. Ça sortira pour Noël et ça va être fantastique.

Et j’écris une série, c’est encore secret, et j’ai un autre projet de Stephen King en préparation. Je vais aussi travailler sur une autre série appelée The Witches of East End qui a été filmé à Vancouver, donc je suis bien occupé !

En parlant de Stephen King, d’où vient votre passion pour ses œuvres ?

J’ai lu tout ce que Stephen King a écrit, même avant de le rencontrer, je suis un grand fan. Je suis un peu plus jeune que lui, mais nous sommes de la même génération. Nous avons beaucoup d’intérêts en commun : nous avons regardé les mêmes séries, nos parents à tous les deux sont divorcés et nous avons été élevés très tôt par nos mères. Et sa voix est une voix avec laquelle je le sens confortable. Nous sommes devenus amis, mais d’abord nous avons fait Sleepwalkers ensemble. C’était notre première expérience et il en était très heureux, c’est pour cela que nous avons continué avec The Stand.

Je suppose que mon livre préféré est The Stand ou The Shining, c’est amusant parce que j’ai réalisé tous ces films, j’aime Desperation, Bag of Bones. Joyland et un de ceux que j’adore, j’ai essayé d’en faire un film, mais quelqu’un d’autre va le faire à présent.

Avez-vous d’autres influences, à part celles de Stephen King ?

J’ai été écrivain depuis que j’ai douze ans et mes sixièmes et septièmes livres sortiront cette année donc j’aime écrire des histoires originales, mais cela se vend plus mal, ce ne sont pas des best-sellers. Master of Horrors était une bonne opportunité. Mon premier de ces films, Chocolate, était basé sur une nouvelle que j’avais écrite vingt ans avant. J’ai travaillé avec Clive Barker plusieurs fois pour deux adaptations dans Master of Horrors, pourtant créer à partir de mes propres histoires est le plus excitant.

Souvent, en tant que réalisateur, tu n’as pas le pouvoir de faire ce que tu veux tant que tu n’as pas le feu vert, donc c’est un peu différent. Quand on est écrivain, nous pouvons développer l’histoire pendant des années avant que cela fasse un film, donc quand on te propose une adaptation de ce genre, on fonce.

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(Mick Garris et la Dwarve Team !)

Selon vous, quels ont été les rencontres, les souvenirs qui vous ont le plus marqué durant votre carrière ?

J’ai rencontré la plupart de mes héros. C’est vraiment impressionnant de rencontrer les personnes qui ont marqué son enfance, comme Steven Spielberg qui a joué un rôle important dans ma vie créative. J’étais un grand fan de ses films et le fait qu’il a été le premier à m’engager en tant qu’écrivain, que j’ai travaillé plusieurs fois avec lui au cours des ans, j’en garde un bon souvenir. Comme avec Dario Argento, John Carpenter, qui a été un ami pendant longtemps, Tobe Hooper, John Landis, qui sont des personnes vraiment importantes pour moi, en tant qu’artistes et en tant qu’êtres humains…

Stephen King est l’une des personnes que je préfère dans le monde. Qui aurait pu prévoir que je travaillerais et sympathiserais avec Michael Jackson ? J’ai eu beaucoup d’occasions de rencontrer du monde, même Ruggero Deodato que j’avais déjà vu à Sydney. Passer du temps avec lui ici et avec toutes ses personnes qui font des films que j’admire et même ses personnes qui sont en dehors du business, je me sens chanceux. Tous ses amis, la famille et les personnes tournées vers l’art d’autres façons, sont humainement très riches, ceux que j’ai perdus comptent encore plus pour moi.

Mon meilleur souvenir était le coup de téléphone de Steven Spielberg me demandant d’écrire un épisode d’Amazing Stories. Cela a été le début de tout, et cela venait du dieu du cinéma.

Que pensez-vous de l’évolution du cinéma ?

Vous savez, tout évolue et je supporte tout ce qui peut rendre quoi que ce soit meilleur. J’ai eu des réticences envers le cinéma digital, mais quand j’étais à un festival à Strasbourg il y a quelques années et qu’il ont passé Sleepwalkers en trente-cinq millimètres pour les quinze ans du film, et Bag of Bones en DCP, le premier n’était jamais complètement clair sur l’écran, il était craquelé, les couleurs avaient changées et après vingt minutes, il a claqué. Bag of Bones était parfait tout du long. J’en suis venu à me dire qu’une image digitale était au moins aussi bonne, mais ce n’est pas qu’une question d’outil.

La plupart des histoires et des vies de personnes que l’on raconte n’ont pas de rapport avec la boîte dans laquelle tu les mets. Les gens développent différents médias pour le meilleur, et si la caméra avait été inventée avant le crayon, personne n’aurait créé le langage ou l’écriture parce que l’on aurait pu tout faire avec du son et des images. Une bonne histoire reste une bonne histoire, même si les moyens développés sont énormes, si elle est nulle à la base, elle le restera.

 

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(Naomi, la superbe femme de Mr. Garris et Albertine Crowley)

Donc, quels conseils donneriez-vous à la nouvelle génération de réalisateurs ?

La grande qualité des nouvelles technologies est que tout le monde peut concevoir des films de nos jours, mais c’est aussi une mauvaise chose. En tant que critique je me réjouis de cela, en tant que consommateur, je ne veux pas autant de choses. Le fait est que tu n’as plus besoin d’un million de dollars pour faire un film, tout ce dont on a besoin c’est d’avoir du talent.

La première chose que je dirais à un jeune réalisateur est de ne jamais engager ses meilleurs amis à moins que ce soit les personnes les plus talentueuses qu’ils connaissent. Le plus gros signe d’un film amateur est un acteur amateur. Trouvez les bonnes personnes pour les bons jobs.

 

Et que diriez-vous à tous vos fans, et aux personnes qui vous aiment ?

Je ne sais pas trop quoi leur dire, tout ce que je peux faire c’est les remercier parce que je suis aussi un fan. Je ne fais pas mes films parce que c’est une façon de gagner ma vie, je le fais par passion. J’aime John Carpenter, Tobe Hooper, Stephen King, Clive Barker, David Cronenberg… Leurs travaux m’ont inspiré et m’ont donné un but à atteindre. Pour mes fans, j’essaie toujours de faire au mieux et de réaliser quelque chose de nouveau, de frais, et je suis toujours excité par cela alors que c’est ce que j’ai fait durant la moitié de ma vie. C’est toujours intimidant, je suis toujours nerveux lorsque je commence un nouveau projet, je ne veux pas le rater.

 

Que pensez-vous des films présentés pendant ce festival ?

J’ai vu un tas de courts-métrages et il en a qui sont vraiment épatants alors que je déteste en voir parce que c’est souvent nul. Ceux-ci sont de très belles productions et la plupart étaient français, ou provenaient d’écoles françaises, rien qu’aujourd’hui on a vu une douzaine de films d’animation et plus de la moitié d’entre eux était géniaux. Ce que les personnes font de nos jours est vraiment impressionnant.

C’est vraiment cool que les Garris aie passé un bon week-end, je m’en réjouis d’autant plus, car nous avons pu discuter ensemble et ça, c’est… Ce sont des personnes telles que l’on n’a pas l’habitude de voir, ils sont éblouissants de gentillesse !

La projection en avant-première de la sortie DVD de Goal of the Dead fut un triomphe complet et tous ceux qui étaient présents ont adoré l’ambiance qu’il y a eu durant le film autant que le film en lui-même qui vaut le détour. Nous devons tout cela à…

Benjamin Rocher

Après des études en arts appliqués, Benjamin Rocher travaille dans les milieux de l’animation 3D et des effets spéciaux. Il fonde en 2007 avec Yannick Dahan, la maison de production Capture the Flag Films avec laquelle il produit de nombreux courts-métrages faisant appel aux effets spéciaux visuels. Leur première réalisation en commun est le court-métrage Rivoallan, film de gangsters où un policier en couverture se fait démasquer lors d’un deal de drogues. En 2009, le duo écrit et réalise La Horde, transformant leur court-métrage en film de zombies.

Benjamin Rocher continue dans la veine zombiesque en 2014 avec une nouvelle co-réalisation, cette fois, avec Thierry Poiraud: « Goal of the Dead ». Ce nouveau film confronte le monde du football avec le fantastique. – bloodyweekend.fr

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Bonjour monsieur Rocher, j’aime beaucoup vos films ! Qu’est-ce qui vous a poussé dans le cinéma ?

C’est un rêve depuis que je suis tout petit, le film qui a fait le déclic est Star Wars à cause de ses effets, de son univers. Je me suis petit à petit intéressé au cinéma à partir de là, j’ai commencé à faire des courts-métrages en filmant mes bonshommes. Je ne savais pas trop si je voulais faire de la déco, des effets spéciaux, alors j’ai fais des études artistiques. Quand j’ai réalisé mon premier court à l’école, j’ai su que je voulais faire de la réalisation.

C’était au sein de vos études d’art graphique ?

Oui c’est ça. J’ai fait un bac artistique, puis un BTS design et une école d’effets spéciaux et d’image de synthèse.

Pouvez-vous le parler de vos premiers films et de vos premiers courts-métrages comme Homnimus Rex Creator ou Ticket Land ?

Personne n’a vu ces films-là, ils sont introuvables ! C’était des films de fin d’études donc ils sont très difficilement compréhensibles. Je travaillais la réalisation, le découpage, c’était de l’image de synthèse. Homnimus Rex Creator parle d’une sorte de détective des idées créatives qui cherchait une idée. C’était très influencé par Bruce Timm, qui a fait la série animée Batman, avec ce qui est devenu les Indestructibles dans le look. Ticket Land est en prise de vue réel avec un tas de trucages dans le décor et les objets, ce qui m’a amené à faire de la télé.

J’ai bossé sur des dessins animés, de l’habillage d’émissions, des génériques, des clips et des petites pubs. J’ai ensuite fait des émissions avec Yannick Dahan et on a fait un premier court-métrage, Rivoallan, une préquelle à La Horde, et ainsi de suite.

En parlant de la Horde, vous reprenez les mêmes personnages que dans Rivoallan (sans vouloir spoiler), est-ce que les survivants seront des personnages récurrents dans vos films ?

Pas spécialement. Tu verras dans Goal of the Dead qu’il y a des survivants, mais si je devais trouver des points communs entre ces deux films, même si je ne suis pas scénariste dans ce dernier, l’image de la femme forte de caractère qui n’est pas là pour subir, est un truc que j’ai envie de défendre. Les seuls personnages de GOTD qui ne sont pas complètement débiles ce sont les femmes. C’est un peu récurrent dans le cinéma de genre international, et c’est un truc qui me parle et que je reproduis d’une certaine manière.

 

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Quelles sont donc les principales inspirations qui agissent sur vous lorsque vous réalisez et même scénarisez vos films ?

Je suis né dans les années 70-80 donc je fais partie de la génération des cinéphages qui ont grandi avec leur vidéoclub. À l’époque on louait des VHS toutes les semaines, que l’on choisissait plus par rapport aux jaquettes que par rapport au nom du réalisateur ou qu’au sujet. Je me suis forgé à coup de Sam Raimi, Evil Dead, du cinéma d’horreur, au gore jusqu’au grand public comme les films de Spielberg. C’est surtout du cinéma visuel et je n’aime pas un genre en particulier.

Je n’ai pas une référence quand je fais un film, j’en ai huit cent mille, mais qui ne sont pas très précises ni très conscientes. Quand j’ai des envies de mise en scène, ce n’est pas en référence à un truc précis et ce n’est qu’a posteriori que je me rends compte des similitudes avec d’autres œuvres. C’est comme quand on parle, qu’on fait des phrases, on se rend compte que l’on a utilisé un mot que l’on a appris dans telles ou telles circonstances, mais cela fait partie de notre vocabulaire.

Pourquoi vous avoir spécialisé dans le film de zombies ?

Ce n’est pas une volonté, au moment où l’on réfléchissait à un film fantastique avec Yannick et que l’on avait la possibilité de faire un film d’horreur, nous nous sommes penchés sur le zombie, car c’était une possibilité qui nous avait marqués dans notre adolescence et notre apprentissage du genre. C’était avant la grosse vague que l’on a maintenant, mais après le remake Zombies de Romero par Zack Snyder. Il y avait un truc à faire pour réactualiser ce style.

Après La Horde j’avais plein d’autres projets que j’avais développés parallèlement et il n’y en a eu aucun qui s’est fait. Goal of the Dead était en développement et ça m’a été proposé à ce moment-là. Quand j’ai lu le scénario et que j’ai vu que c’était très loin de ce que j’avais déjà fait, et que c’était très drôle, il n’y avait aucune raison à ce que je ne le fasse pas. Je suis très fier de ces deux films.

Votre société de production, Capture the Flag, en est à son troisième film, c’est cela ?

Nous avons créé la société avec Yannick Dahan et mon frère Raphaël pour La Horde. Raphaël a ensuite produit Territoire d’Olivier Abbou et Goal of the Dead première et deuxième mi-temps. Et là nous produisons le prochain film de Thierry Poirraud, qui a fait la seconde partie, et qui vient de finir le tournage de son prochain film. En tout ça fait quatre.

Le film en question est une sorte de road movie Fantastique et fin du monde avec des ados, il devrait être terminé pour décembre et s’appellera Dont Grow Up. L’avenir et le climat étant totalement incertains, je ne sais pas du tout ce qu’il sortira parmi tous nos projets.

Comme j’aime plein de genres différents, j’ai des tonnes de projets en développement, qui vont de la comédie d’aventure aux polars et qui peuvent s’adresser à un plus grand nombre de personnes et où l’on peut avoir plus d’argent à disposition. Et puis il y a des choses bien plus pointues, comme un film d’horreur provoc, mais je sais très bien que je ne pourrais pas le faire avec énormément de fonds. Dans mon idéal de vie, j’alternerais entre les deux.

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(Benjamin Rocher et Manuel Bayeux, auteur)

Avec Empreinte Digital vous réalisez également pas mal de documentaires et d’émissions, est-ce quelque chose qui vous tient toujours à cœur ? Est-ce que la culture geek est une chose que vous continuerez à propager par cet intermédiaire ?

La culture geek est ma culture, c’est mon univers, c’est chez moi, dans tout ce que je fais j’agite l’étendard de cette culture là. Via Empreinte Digital on a produit beaucoup de choses qui nous ressemblent et qui correspondent à la façon dont on voie le monde. Que je le veuille ou non, je serais toujours un militant.

Je souhaite continuer à faire ce que l’on fait pendant très très longtemps, mais nous ne sommes pas décideurs ou clients. Tant que les chaînes nous feront confiance, on continuera, ça ne tient qu’à eux.

Parlez moi de votre week-end au Bloody, ce n’est pas la première fois que vous venez. Que pensez-vous de l’ambiance générale ?

Je trouve ça mortel. Loïc et Aurélie, qui organisent le festival sont incroyables d’énergie, de générosité et je n’ai qu’une seule envie c’est de revenir et de participer à l’événement avec eux. Le Bloody c’est à la bonne franquette, il y a une proximité avec tout le monde, que ce soit le jury, les invités ou le public, qui fait qu’on est tout le temps tous ensemble. C’est hyper simple, la programmation est super et de mieux en mieux. Ce n’est pas encore assez connu, mais ça va gagner à le devenir. Je m’y sens vraiment chez moi.

Ça, c’était une bonne critique en plus d’être une bonne interview ! Voici à présent ce que j’ai pu retranscrire de celle de Laurence R. Harvey grâce à Éric, le super traducteur ! Sachez aussi que Human Centipede 2 a également été diffusé le vendredi, et gratuitement en plus, ce qui a fait pas mal d’heureux.

Laurence Harvey

Acteur anglais, il est surtout connu pour son rôle de Martin Lomax, dans le film d’horreur The Human Centipède 2 (Full Séquence), réalisé par Tom Six. Laurence apparaît dans le troisième volet The Human Centipède 3 (séquence finale) dans un rôle différent de la seconde partie. – bloodyweekend.fr

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Quel a été votre parcours avant de jouer dans Human Centipede, car nous avons peu d’informations à ce sujet ?

J’ai voulu être acteur pour gagner de l’argent afin de faire des performances en tant qu’artiste, donc quand je joue je mixe avec la façon de faire que j’ai acquise dans le monde du spectacle. J’ai commencé à jouer dans une émission dédiée à la jeunesse en 1999 parce que je connaissais des gens dans le domaine. Puis j’ai fait un peu de comédies, des publicités et du théâtre à Londres. Human Centipede 2 est mon premier film, mais j’ai joué dans pas mal de courts-métrages avant cela.

Que préférez-vous le plus dans les films trash comme celui-là ?

Je suppose que cela vient du personnage que je joue, et que je peux très bien explorer, j’espère l’avoir rendu assez amusant. J’ai grandi avec le magazine Fangoria, donc je me suis toujours intéressé aux prothèses et à la façon de créer des effets spéciaux. J’ai beaucoup aimé le fait de jouer avec des bouts de cadavres !

Avez-vous une opinion à propos de l’évolution de ce genre de film, vous qui avez joué dans une œuvre complètement avant-gardiste ?

Quand est sorti Human Centipede je ne l’ai pas trouvé très trash, la frontière entre l’expérimental et l’avant-garde n’a jamais été facile à définir, car il y a toujours eu un mélange des genres. On me pose souvent des questions comme cela dans les conventions, et je réponds que j’aime beaucoup le cinéma de Guy Maddin, qui est le plus avant-garde existant, et le cinéma japonais, avec des films comme Wild Zero. Postuler pour ce film ne m’a pas posé problème, au contraire.

Si l’on revient dans les années soixante avec Thundercrack de George Kuchar et que l’on fait le lien avec l’art et le cinéma, dans lequel on voit les éléments d’horreurs dès les années vingt, et dans A Page of Madness dans les années trente, c’était user de l’expressionnisme en tant que style et cela était bourré de références et de mélanges théâtraux. C’était beaucoup le cas au Japon, et plus tard en Chine.

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On commence à se poser des questions sur vos futurs rôles dans le cinéma…

Je vais bientôt être un gentil prêtre obnubilé par le cinéma dans un film, The Editeur, de Ashtron-6, et un film anglais qui s’appelle Dead Love. Je vais aussi travailler avec les soeurs Soska dans un film appelé Bob ou je suis un gentil. Cela va être une année bien remplie avec la sortie de Human Centipede 3 et toutes les propositions que l’on me fait.

Vous sentez-vous bien au Bloody week-end ? On parle déjà d’un projet avec Ruggero Deodato !

Oui, ce festival est une sorte de mixe avec les conventions américaines et les salons du film anglais. Ce n’est pas seulement à cause des projections et des exposants, des gens sont vraiment sympa et c’est fun ! J’aime être ici, c’est Fantastique.

Là aussi la traduction n’est pas très littérale, j’ai un peu galéré, désolé… En plus, je n’ai pas eu le temps de parler avec Ruggero Deodato et Barbara Magnolfi, dont je vous avais parlé, ce qui fait que, si vous ne savez pas de qui il s’agit, j’ai également copié une petite présentation sur le site du Bloody :

Ruggero Deodato

Réalisateur italien, spécialiste du cinéma d’horreur, connu notamment pour son film Cannibal Holocaust sorti en 1980.

Né à Potenza, il passe sa jeunesse dans cette région où les grands studios italiens ont l’habitude de tourner des films. C’est là qu’il apprend le métier de réalisateur avec Roberto Rossellini et Sergio Corbucci. Il travaille ainsi comme assistant réalisateur sur Le Général Della Rovere et Django. A la fin des années 60, il réalise des comédies, thrillers avant de quitter le cinéma pour réaliser des spots publicitaires.

En 1976, il retourne au cinéma avec le film ultra-violent Live Like a Cop, Die Like a Man. En 1977, il réalise un film d’aventure se déroulant dans la jungle Le Dernier monde cannibale. Ce film marque le renouveau des films de cannibales initiés quelques années auparavant par Umberto Lenzi. En 1980, il réalise La Maison au fond du parc qui fut interdit pendant 20 ans au Royaume-Uni du fait de sa violence. En 2007, il fait un caméo dans Hostel 2 du réalisateur Eli Roth. – bloodyweekend.fr

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Surement la guest la plus attendue du festival, ses manières étranges nous ont beaucoup marqués ! Finissons cet article grâce à la belle…

Barbara Magnolfi

Née en France d’une mère française et d’un père italien, elle étudie à Rome en Italie, alternativement dans des écoles françaises et italiennes. Sa passion pour la performance est évidente dès son plus jeune âge, et sans surprise elle échappe à l’environnement familial difficile en commençant les ballets de danse à l’âge de 4 ans ! A 10 ans, elle devient l’élite des ballerines. Son premier essai à la comédie arrive fortuitement, un jour où elle est au restaurant avec sa mère. Elle est alors remarquée par le fameux réalisateur italien Antonio Pietrangeli qui lui offre un rôle dans ce qui allait être son dernier film « Come Quando perché » ( « Comment quand et pourquoi » ). Sur le plateau elle trouve sa place. Prédisposée à des qualités de star, Pietrangeli la décrit comme « Talent naturel ! ».

Mannequin après l’école à l’âge de 15 ans, elle fait des photos professionnelles avec plusieurs célèbres photographes. Les choses évoluent et elle apparaît dans des magazines avec des publicités pour Fiorucci, Coca Cola, Sicis jeans, Charles Jourdan… Elle est étudiante en Art Dramatique à Rome, lorsqu’elle signe avec son premier agent et réalise les auditions pour « Morte sospetta di una minorenne » (« Mort suspecte d’une mineure ») de Sergio Martino, puis pour « Disposta a tutto » ( « Disposée à tous ») Giorgio Stegani.

Considérée comme l’un des talents les plus prometteurs à venir, et surnommée « La belle ténébreuse » pour sa beauté frappante, ses longs cheveux noirs et son allure féline et sexy. Ce fut la consécration avec Dario Argento, dans le rôle d’ « Olga » dans le grand classique « Suspiria ». Bientôt d’autres projets suivent avec les plus grands réalisateurs italiens de cette ère, comme Duccio Tessari, Sergio Martino (Morte sospetta di una minorenne en 1975), Sergio Corbucci.

Elle fut également invitée à jouer dans plusieurs projets TV avec Sergio Corbucci,Pasquale Squitieri et Aldo Lado. C’est avec le film de Ruggero Deodato « Cut and Run » (« Amazonia la jungle blanche ») qu’elle voyage la première fois aux USA. Impressionnée par le professionnalisme aux Etats Unis, elle se promet d’y revenir un jour. Aujourd’hui à Hollywood, elle continue à travailler en tant qu’actrice et productrice . En 2014, Barbara tourne dans » Disciple » de Joe Hollow, avec une pléiade d’acteurs connus dans le genre comme Tony Todd, Bill Moseley, Angus Scrimm ou Debbie Rochon.

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Cannibal Holocaust et Amazonia ont également été projetés même si nous ne les présentons plus ! Il y a eu quelques autres documentaires et films qui avaient l’air très intéressants, d’autres très poilants, que je me suis promis d’aller voir un jour. Il s’agissait de Found Footage Conspiracy de J. Carvalho et J. Fauchoux, Super 8 Madness, en présence du réalisateur Fabrice Blin que j’aimerais énormément rencontrer l’an prochain, Maniac Nurses de Léon Paul de Bruyn et Discopath de Renaud Gauthier (vous pouvez cliquez sur les liens pour plus d’informations au sujet de ces films).

La seconde partie de l’article est à prendre terminé, on se retrouve bientôt pour la suite, c’est à dire pour les compétitions de courts métrages. Mais avant, d’autre photo par Albertine Crowley.